L’année 2025 marque un tournant pour la filière apicole française, avec une production nationale estimée entre 23 000 et 25 000 tonnes de miel, soit presque le double de 2024.

En Île-de-France, les apiculteurs ont également profité d’un printemps clément, permettant une récolte abondante et de qualité.

Pourtant, derrière ces chiffres encourageants, se cachent des réalités plus complexes : le changement climatique, la pression accrue des prédateurs comme le frelon asiatique, et la nécessité d’adapter les pratiques apicoles pour garantir la pérennité de la filière.

1. Bilan 2025 : La production de miel en ĂŽle-de-France et en France, en chiffres

Une année record à l’échelle nationale :

En 2025, la France a produit entre 23 000 et 25 000 tonnes de miel, soit une hausse spectaculaire de près de 90 % par rapport à 2024, une année marquée par des conditions météo défavorables. Ce rebond s’explique par un printemps particulièrement doux et ensoleillé, qui a favorisé la floraison et le butinage des abeilles. Selon l’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF), cette production est la plus élevée depuis plus de vingt ans.

Focus sur l’Île-de-France, une région en pleine dynamique :

Bien que les chiffres précis pour l’Île-de-France ne soient pas encore consolidés, les retours des apiculteurs locaux et des syndicats régionaux indiquent une saison 2025 globalement positive. La région, souvent moins touchée par les aléas climatiques extrêmes que le sud-est, a bénéficié de conditions idéales pour la production de miels variés (acacia, tilleul, toutes fleurs). Les apiculteurs franciliens ont ainsi pu compenser partiellement les pertes enregistrées dans d’autres régions, comme la Provence, où la canicule a décimé les récoltes de miel de lavande.

La filière apicole en Île-de-France, acteurs et enjeux :

L’Île-de-France compte plusieurs centaines d’apiculteurs, professionnels et amateurs, qui gèrent ensemble des milliers de ruches. La région abrite également des structures clés pour la filière, comme des mielleries, des centres de formation, et des associations engagées dans la promotion du miel local. En 2025, la demande en miel francilien a continué de croître, portée par une prise de conscience accrue des consommateurs sur l’importance de la traçabilité et de la volonté de consommer local.

Le miel bio et les certifications, une tendance en hausse :

En 2025, 4 500 tonnes de miel ont été certifiées en agriculture biologique en France, soit 15 % de la production totale. En Île-de-France, cette tendance se confirme, avec une augmentation du nombre de ruches conduites en bio et une valorisation accrue des miels de terroir. Les certifications (AB, IGP, etc.) jouent un rôle clé dans la différenciation des produits et la fidélisation des consommateurs.

2. Changement climatique : Un défi majeur pour l’apiculture francilienne

L’impact des aléas météo sur les récoltes :

Le changement climatique est aujourd’hui le principal facteur de perturbation pour les apiculteurs. En 2025, les contrastes ont été saisissants : un printemps doux et humide a favorisé les floraisons précoces en Île-de-France, tandis que des épisodes de canicule estivale ont réduit les miellées dans le sud de la France. Ces variations brutales perturbent les cycles naturels des abeilles et des plantes, rendant les récoltes de plus en plus imprévisibles.

Des floraisons décalées et des ressources alimentaires menacées :

Les apiculteurs franciliens observent depuis plusieurs années un décalage des périodes de floraison, lié à la hausse des températures. En 2025, ce phénomène s’est accentué, avec des floraisons précoces ou tardives qui ne coïncident plus toujours avec les pics d’activité des abeilles. Résultat : certaines récoltes, comme le miel de tournesol, ont été moins abondantes que prévu, tandis que d’autres, comme le miel de tilleul, ont bénéficié de conditions optimales.

Adaptation et résilience, quelles stratégies pour les apiculteurs :

Face à ces défis, les apiculteurs multiplient les initiatives pour s’adapter :

  • Diversification des sources de nectar : En plantant des haies mellifères et en collaborant avec les agriculteurs locaux, les apiculteurs cherchent Ă  garantir des ressources alimentaires variĂ©es pour leurs ruches.
  • Suivi mĂ©tĂ©o renforcĂ© : L’utilisation d’outils de prĂ©vision permet d’anticiper les pĂ©riodes de floraison et d’adapter les pratiques de gestion des ruches.
  • SĂ©lection de souches d’abeilles rĂ©sistantes : Certaines races d’abeilles, comme l’abeille noire, sont mieux adaptĂ©es aux variations climatiques et aux pathogènes locaux.

Le rôle des collectivités et des politiques publiques :

Les collectivités locales jouent un rôle croissant dans le soutien à l’apiculture. En 2025, plusieurs initiatives ont été lancées pour :

  • ProtĂ©ger les corridors Ă©cologiques : En prĂ©servant les zones de biodiversitĂ©, les collectivitĂ©s aident Ă  maintenir des Ă©cosystèmes favorables aux abeilles.
  • Sensibiliser le grand public : Des campagnes de communication et des ateliers pĂ©dagogiques sont organisĂ©s pour informer sur l’importance des pollinisateurs.
  • Soutenir financièrement les apiculteurs : Des subventions sont accordĂ©es pour l’achat de matĂ©riel, la formation, et la conversion Ă  l’agriculture biologique.

3. La pression des prédateurs : Le frelon asiatique et autres menaces

Le frelon asiatique, un prédateur en expansion :

Le frelon asiatique (Vespa velutina) reste la menace numéro un pour les ruches sur tout le territoire. En 2025, sa progression s’est poursuivie, avec une augmentation du nombre de nids signalés. Ce prédateur, qui attaque les abeilles pour nourrir ses larves, peut décimer une colonie en quelques heures et affaiblir durablement les ruches.

L’impact sur les ruches et les récoltes :

Les apiculteurs rapportent une hausse des attaques de frelons asiatiques en 2025, notamment en fin d’été, période où les colonies de frelons sont les plus agressives. Les pertes directes (abeilles tuées) et indirectes (stress des colonies, baisse de la production de miel) se chiffrent en milliers d’euros pour les professionnels. Certains apiculteurs ont dû déplacer leurs ruches et installer des pièges pour limiter les dégâts.

Les autres prédateurs et pathogènes :

Outre le frelon asiatique, les apiculteurs doivent composer avec :

  • Le varroa : Un acarien parasite qui affaiblit les abeilles et favorise la propagation de virus.
  • Les maladies des abeilles : Comme la loque amĂ©ricaine ou europĂ©enne, qui peuvent dĂ©cimer des colonies entières.
  • Les pesticides : MalgrĂ© les restrictions, certains produits phytosanitaires continuent de menacer la santĂ© des abeilles.

Les solutions pour limiter l’impact des prédateurs :

Pour faire face à ces menaces, les apiculteurs mettent en place plusieurs stratégies :

  • PiĂ©geage des frelons asiatiques : Des pièges sĂ©lectifs sont installĂ©s dès le printemps pour capturer les reines fondatrices.
  • Renforcement des ruches : L’utilisation de grilles de protection et de ruches adaptĂ©es limite les intrusions de prĂ©dateurs.
  • Collaboration avec les scientifiques : Des programmes de recherche sont menĂ©s pour dĂ©velopper des mĂ©thodes de lutte biologique contre le frelon asiatique et le varroa.
  • Sensibilisation du public : Les associations d’apiculture organisent des formations pour apprendre aux citoyens Ă  reconnaĂ®tre et signaler les nids de frelons.

4. Perspectives d’avenir : Vers une apiculture plus résiliente

Les défis à relever :

Pour garantir l’avenir de l’apiculture, plusieurs défis doivent être relevés :

  • L’adaptation au changement climatique : Les apiculteurs devront continuer Ă  innover pour faire face aux alĂ©as mĂ©tĂ©o.
  • La lutte contre les prĂ©dateurs : Une coordination renforcĂ©e entre apiculteurs, scientifiques et pouvoirs publics est essentielle.
  • La prĂ©servation des Ă©cosystèmes : La protection des zones de biodiversitĂ© et la rĂ©duction des pesticides sont des prioritĂ©s.

Les opportunités à saisir :

Malgré ces défis, la filière apicole dispose d’atouts majeurs :

  • Une demande croissante en miel local et bio : Les consommateurs sont de plus en plus sensibles Ă  la qualitĂ© et Ă  l’origine des produits.
  • Un Ă©cosystème favorable Ă  l’innovation : La France concentre des centres de recherche, des formations, et des acteurs engagĂ©s dans la transition Ă©cologique.
  • Un soutien politique et citoyen : Les collectivitĂ©s et les citoyens sont de plus en plus impliquĂ©s dans la protection des abeilles.

Les actions prioritaires pour 2026 et au-delà :

Pour consolider les acquis de 2025 et préparer l’avenir, plusieurs actions sont prioritaires :

  • Renforcer la recherche : DĂ©velopper des solutions innovantes pour lutter contre les prĂ©dateurs et adapter les ruches au changement climatique.
  • AmĂ©liorer la formation des apiculteurs : Proposer des modules sur la gestion des alĂ©as climatiques et la lutte contre les pathogènes.
  • DĂ©velopper les partenariats : Collaborer avec les agriculteurs, les collectivitĂ©s, et les entreprises pour crĂ©er des corridors mellifères et des zones refuges pour les abeilles.
  • Sensibiliser le grand public : Organiser des Ă©vĂ©nements pour informer sur l’importance des abeilles et les moyens de les protĂ©ger.

Le bilan 2025 de la production de miel est globalement positif, avec une récolte abondante et une filière dynamique. Pourtant, les défis restent nombreux : le changement climatique, la pression des prédateurs, et la nécessité de préserver les écosystèmes menacent la pérennité de l’apiculture. Face à ces enjeux, les apiculteurs font preuve d’une résilience remarquable, en innovant et en collaborant avec les acteurs locaux.

L’année 2025 a montré que l’apiculture peut rebondir, mais son avenir dépendra de la capacité de tous les acteurs à travailler ensemble pour protéger les abeilles et garantir des récoltes durables. En Île-de-France, comme ailleurs, chaque geste compte pour préserver ce patrimoine naturel et économique essentiel.