C’est la fin de la saison et les frelons asiatiques sont de nouveau en chasse !
Qui chasse les abeilles et pourquoi ? De combien d’abeilles ont-ils besoin ?
Quelle est la taille d’une colonie de frelon asiatique ?

Il existe de nombreuses similarités entre la biologie du frelon asiatique et celle des abeilles à miel.
Ils sont tous les deux coloniaux et organisés avec un système de caste.
Les rôles des femelles stériles et des mâles se ressemblent.
Les reines frelons effectuent plus de tâches que les reines abeilles.
Et la stratégie du passage de l’hiver des deux espèces est différente.

Chez le frelon asiatique, seules les femelles (ouvrières et fondatrices) participent à la chasse.
Comme chez les abeilles, les mâles ne collectent pas de nourriture pour la colonie.

Voici les rôles des différents individus.

Castes

Rôle principal
Chasse ?

Reine fondatrice : Pondre, initier le nid — Rarement, uniquement au début de la fondation.
Ouvrières (femelles stériles) : Chasser, nourrir la colonie, protéger le nid — Oui, ce sont elles qui capturent les abeilles et autres insectes.
Mâles : Féconder les futures reines en automne — Non, ils ne chassent pas et ne nourrissent pas le nid.

Pourquoi les mâles ne chassent-ils pas ?

Les mâles ne possèdent pas de dard et sont moins robustes.
Leur système digestif et leur comportement sont orientés vers la reproduction plutôt que vers l’alimentation de la colonie.

Ils se nourrissent principalement des ressources rapportées par les ouvrières (nectar, jus sucrés).
Mais ils sont capables de trouver de la nourriture seuls.
Ils peuvent se nourrir directement de nectar, de sève ou de fruits mûrs, surtout en fin de saison, quand ils quittent le nid pour chercher des reines à féconder.

Ils sont plutôt opportunistes : ils profitent de sources accessibles (fleurs, fruits sucrés, miellats) sans activité de prédation.

En résumé, les femelles, ouvrières, sont des chasseuses actives, responsables des attaques sur les ruchers.
Les mâles sont des reproducteurs, sans rôle dans la prédation ni dans la défense.
Donc ce sont des femelles frelons, des ouvrières, que l’on observe en chasse devant nos ruches.

En France, pour le frelon asiatique, la taille d’une colonie varie fortement selon la saison et les conditions locales (météo, nourriture disponible).
Les études menées par l’INRAE et d’autres équipes donnent les chiffres suivants pour l’évolution de la population dans un nid au cours de l’année.

Période — Événements clés — Nombre d’individus en moyenne

d’Avril à Mai : Reine fondatrice seule → premières ouvrières — 1 à 50–100
De Juin à Juillet : Croissance de la colonie, petites ouvrières « nanitiques » — 100 à 500
Août : Nid secondaire bien établi, ouvrières plus grandes — 500 à 1 000
De Septembre à Octobre : Pic de population : production de mâles & futures reines — 1 500 à 2 500, parfois jusqu’à 3 000
Novembre : Déclin, mortalité avec le froid — Chute rapide jusqu’à extinction en hiver

Quelle est la composition de la colonie à son pic ?

Les ouvrières (femelles stériles) constituent la majorité de la colonie.
Les mâles sont produits en fin d’été pour la reproduction.
Les futures reines, fondatrices, sont les seules qui survivront à l’hiver pour fonder de nouveaux nids.
Les larves et les nymphes sont présentes tant que le nid reste actif.

Pour synthétiser :
un petit nid représente moins de 500 individus,
un nid moyen de 1 500 à 2 000 individus,
et un gros nid comporte jusqu’à 3 000 individus en automne dans le sud-ouest de la France.

Ponte de la reine

Chez Vespa velutina nigrithorax, la capacité de ponte de la reine varie fortement selon la saison et l’âge de la colonie :

Phase de la colonie — Activité de ponte — Nombre approximatif d’œufs par jour :

  • Fondation (avril-mai) : Ponte lente, quelques premières ouvrières — ~10 à 20 œufs/jour
  • Croissance (juin-juillet) : Augmentation progressive — ~50 à 100 œufs/jour
  • Pic de production (août-septembre) : Nid très actif, production maximale d’ouvrières — ~100 à 150 œufs/jour, parfois plus
  • Fin de saison (octobre) : Production orientée vers les mâles et futures reines — ~50 à 100 œufs/jour
  • Novembre : Activité en déclin, peu ou pas de ponte — 0–20 œufs/jour

Une reine peut pondre plusieurs milliers d’œufs au cours d’une saison.
Dans un gros nid (environ 2 500 individus), on estime que la ponte cumulée atteint 6 000 à 10 000 œufs avant la mort de la colonie en hiver.

En comparaison, une reine de frelon européen (Vespa crabro) pond entre 40 et 100 œufs par jour au maximum pendant 6 à 7 mois,
et une reine d’abeille jusqu’à 2 000 œufs par jour au pic de la saison.

Durée de vie des individus

La durée de vie d’une ouvrière de Vespa velutina nigrithorax varie aussi en fonction de la période de l’année et du rôle qu’elle joue dans la colonie, de quelques semaines à quelques mois.

Période — Durée de vie estimée — Raisons principales :

  • Début de saison (mai-juin) – petites ouvrières « nanitiques » : 2 à 3 semaines — Colonies encore petites, beaucoup de travail, mortalité élevée
  • Croissance (juillet-août) – ouvrières plus robustes : 4 à 6 semaines — Conditions plus stables, moins de stress
  • Fin de saison (septembre-octobre) – ouvrières produites tardivement : jusqu’à 6–8 semaines — Colonies matures, moins de renouvellement
  • Hiver : aucune survie — La colonie entière meurt avec le froid, sauf les futures reines fécondées

Les reines vivent environ 1 an, de leur naissance à la fin de la colonie suivante, l’année d’après.
Les ouvrières vivent de 3 à 6 semaines, parfois un peu plus en automne.
Les mâles vivent 2 à 3 semaines, le temps de maturer sexuellement et de féconder les reines.

Les facteurs qui réduisent la durée de vie des différents individus sont :
une forte activité de chasse qui fatigue et soumet aux risques de prédation par d’autres espèces ;
un stress environnemental comme le manque de nourriture ou une météo défavorable ;
les interactions avec les apiculteurs (pièges, destructions partielles des nids).

Quels rôles pour les ouvrières au sein des colonies ?

Chez Vespa velutina nigrithorax, les ouvrières suivent une organisation par âge similaire à celle des abeilles : elles commencent par des tâches internes avant de devenir butineuses ou chasseuses.

Chronologie :

  • 0 à 3 jours : maturation, déploiement des ailes, durcissement de la cuticule, nourries par trophallaxie.
  • 3 à 10 jours : nettoyage des cellules, nourrissage des larves avec des proies mastiquées, entretien du nid.
  • 10 à 15 jours : tâches de garde, gestion des déchets, protection de l’entrée du nid.
  • À partir de 15 jours : butinage et chasse. Elles collectent du nectar et chassent des insectes (dont les abeilles) pour nourrir les larves.

La période de sortie d’environ 15 jours varie selon la taille de la colonie :
dans une petite colonie, certaines ouvrières sortent plus tôt ;
la disponibilité en nourriture et les conditions climatiques influencent l’âge de sortie.

Après avoir commencé les sorties, une ouvrière vit encore 2 à 4 semaines en moyenne, soit une vie totale de 3 à 6 semaines.

La collecte est clairement différenciée selon le type de ressource chez le frelon à pattes jaunes, même si ce sont souvent les mêmes ouvrières qui peuvent alterner entre les deux selon les besoins de la colonie.

Collecte de protéines

La collecte de protéines (« viande ») nourrit les larves.
La source peut être : abeilles, autres insectes, morceaux de viande, poisson, etc.

D’après Rome et al. (2020), les frelons asiatiques mangent :
– 38,1 % d’abeilles domestiques
– 29,9 % de mouches
– 19,7 % de guêpes sociales
Le reste provient d’autres sources carnées.

En ville, les abeilles à miel sont plus consommées ; en milieu forestier, plus de guêpes sociales.

Les ouvrières capturent les proies, mâchent la chair pour en faire une bouillie protéinée destinée aux larves.

Collecte de glucides

Les glucides (« sucre ») nourrissent les adultes.
Sources : nectar, sève, fruits mûrs, miellats, liquides sucrés artificiels.

Les ouvrières visitent des fleurs ou exploitent des sources sucrées.
Les adultes consomment directement ces sucres ou les rapportent au nid sous forme liquide.

Dans le nid, les larves nourries aux protéines produisent un liquide nutritif sucré que les ouvrières adultes consomment :
c’est la trophallaxie larvaire.

Ce système permet un échange énergétique permanent entre larves et adultes.

Collecte de cellulose

Chez Vespa velutina nigrithorax, il n’existe pas de caste spécialisée uniquement dans la collecte de cellulose pour la construction du nid.
Cependant, certaines ouvrières sont temporairement « spécialisées » selon les besoins de la colonie.

Elles se procurent de la cellulose sur du bois mort, des écorces ou des fibres végétales.
Elles grattent la cellulose avec leurs mandibules, l’humidifient de salive pour former une pâte, puis la rapportent au nid.

Elles l’utilisent pour :
– agrandir l’enveloppe,
– consolider les alvéoles,
– réparer des zones endommagées.

La fondatrice crée le début du nid primaire, puis les ouvrières prennent le relais pour agrandir le nid primaire et construire le nid secondaire.

Il n’y a pas de spécialisation permanente : les mêmes ouvrières qui chassent ou collectent du nectar peuvent, à d’autres moments, prélever de la cellulose.

Si le nid s’agrandit rapidement, plus d’ouvrières sont mobilisées.
Si le besoin diminue, elles retournent à d’autres tâches (chasse, garde, nettoyage).

La collecte de cellulose est la plus intense :
– en début de saison pour le nid primaire,
– lors du transfert vers le nid secondaire (souvent en été),
– lors du pic de croissance de la colonie (août-septembre),
– après une dégradation (pluie, prédateur, intervention humaine).