L’essaimage est la façon dont la colonie se reproduit en se divisant. Dans la ruche, la colonie a grossi, elle est passée de 10 000 individus l’hiver à 40-50 000. Depuis cet hiver la reine s’est remise à pondre et elle atteint jusqu’à 2000 œufs par jour. Elle peut pondre son propre poids en œufs par jour. A ce rythme, la ruche est rapidement pleine. Les butineuses rapportent du nectar et du pollen, il n’y a plus de place, toutes les alvéoles sont occupées.

Les ouvrières vont donc produire des cellules royales. Ce sont des cellules verticales qui vont contenir un œuf qui deviendra une nouvelle reine. Son cycle est le suivant : la reine (l’ancienne) pond un œuf qui va éclore au bout de 3 jours. La petite larve qui en sort sera nourrie avec de la gelée royale de haute qualité produite par les glandes à gelée des nourrices. Grâce à ces repas hautement nourrissants, la larve va muer et se métamorphoser rapidement : il lui faudra 16 jours pour émerger.

Pendant ce temps, l’ancienne reine va arrêter de pondre, ses ovaires vont un peu rétrécir et elle va être poussée dehors par la moitié des ouvrières qui vont l’accompagner dans un vol d’essaimage, souvent en milieu de journée, entre 11h30 et 15h et par beau temps. Ce groupe d’environ 20-30 000 abeilles va se poser sur une branche, un poteau, une porte, ce qu’elles trouvent et vont toutes se regrouper autour de la reine et former une grappe: un essaim. Les ouvrières ont pris soin de se gorger de miel avant de partir. Elles sont peu agressives dans cet état, elles n’ont rien à défendre, pas de couvain (futures abeilles en développement) ni de réserves et sont peu souples car leur abdomen est rempli de miel. L’essaim va rester posé entre 24 et 48h, pendant que des ouvrières éclaireuses vont chercher une loge dans laquelle l’ancienne reine et ses 30 000 accompagnatrices sont prêtes à fonder une nouvelle colonie. Elles vont reconstruire des alvéoles pour que la reine puisse pondre et que les ouvrières puissent y déposer leurs récoltes. Les éclaireuses ayant trouvé un endroit accueillant dansent pour expliquer aux autres comment le trouver. L’essaim s’y rendra lorsque tous les lieux envisagés auront été explorés par de nombreuses ouvrières et que la danse consensus recrutera le maximum d’abeilles.

Dans la ruche mère, les cellules royales construites par les ouvrières vont voir émerger des reines vierges. Deux cas peuvent se produire : ou bien la première qui émerge est agressive envers les autres reines vierges et va les tuer avant qu’elles n’émergent, ou bien elle part elle aussi comme l’ancienne reine avec une partie de la colonie : ce que l’on appelle un essaim secondaire. De la même manière l’essaim reste 24-48h puis les éclaireuses dansent et l’essaim se déplace dans une loge qui lui semble appropriée.

L’ancienne reine se remet à pondre dès que les alvéoles sont construites, mais ce n’est pas le cas pour les reines vierges. Avant d’être capable de pondre des œufs fécondés, qui donneront naissance à des ouvrières, il leur faut s’accoupler avec plusieurs mâles, appelés faux-bourdons.

Après son émergence, la reine vierge reste environ 1 à 2 semaines dans la ruche, c’est l’équivalent de l’adolescence, puis elle fait un ou plusieurs vols de fécondation durant lesquels elle s’accouple avec 10 à 20 mâles en vol. Les accouplements ont lieu l’après-midi lorsqu’il fait beau.

On ne sait pas pourquoi les reines vierges vont vers des lieux appelés zones de congrégations où se rassemblent les faux-bourdons. On ne sait pas non plus comment les mâles y vont année après année alors qu’ils ne passent pas l’hiver. Par quel(s) moyen(s) les mâles de cette année ont appris où se rassembler pour féconder les reines vierges de la région ? Cette question reste encore sans réponse pour le moment . Chaque mâle qui féconde une reine perd son pénis dans la reine et meurt.

La reine possède un organe spécial : la spermathèque, dans laquelle sera conservé le sperme des 10-20 faux-bourdons qui l’auront fécondée. Après ces vols de fécondation, la reine va revenir à la ruche et pondre toute sa vie avec cette réserve.

Rédigé par Sibyle MOULIN et Elène EQUI