La Journée mondiale des abeilles, c’est le 20 mai chaque année. Une super occasion de sensibiliser, célébrer, et partager autour de l’apiculture et des pollinisateurs en général.
Pourquoi le 20 mai ?
C’est la date de naissance de Anton Janša, pionnier slovène de l’apiculture moderne. Depuis le XVIIIe siècle, il est considéré comme le « père de l’apiculture rationnelle » en Europe. La date a été officialisée par l’ONU en 2017 pour rappeler l’importance des abeilles et des autres pollinisateurs pour la sécurité alimentaire. On sait que les abeilles sont essentielles parce qu’un tiers de ce que nous mangeons dépend directement ou indirectement de la pollinisation. Les abeilles à miel ne sont pas les seules à polliniser : les abeilles solitaires, bourdons, syrphes, papillons et coléoptères pollinisent aussi. Les pollinisateurs maintiennent la diversité génétique des plantes et contribuent à la résilience des écosystèmes.
Qui était Anton Janša ?
Anton Janša est une figure très importante dans l’histoire de l’apiculture, et pourtant encore méconnue du grand public. Il est né le 20 mai 1734 à Breznica, en Slovénie (alors Empire austro-hongrois). Il vient d’une famille d’apiculteurs, il s’est formé très tôt au contact des abeilles. Il est le premier professeur officiel d’apiculture à la cour impériale de Vienne (nommé par Marie-Thérèse d’Autriche en 1769). Il est considéré comme le pionnier de l’apiculture moderne en Europe.
Il a apporté à l’apiculture des écrits fondamentaux, il a publié plusieurs ouvrages, dont : « Discussion sur l’apiculture » (Razprava o čebelarstvu) et « Le plein guide de l’apiculteur » (Popolni nauk o čebelarstvu) qui a été publié à titre posthume. Il y développe une vision raisonnée de l’apiculture fondée sur l’observation précise du comportement des abeilles.
Il a fait des observations révolutionnaires pour l’époque, car il a compris que la reine était une femelle et non un roi (ce qui n’était pas clair à l’époque ). Il a souligné que les mâles ne butinaient pas et servaient uniquement à la reproduction.
Il prônait une méthode douce et respectueuse : éviter de tuer les colonies pour récolter le miel. Il est à l’origine du développement de la ruche « à panneaux » : Janša utilisait des ruches à cadres horizontaux, empilables, avec accès par l’avant. Il décorait souvent les façades des ruches avec des peintures folkloriques, une tradition encore vivante en Slovénie. Il laisse un superbe héritage et la Slovénie, son pays natal, est très fière de lui, de plus, l’apiculture y est une passion nationale.


Naissance de cette journée et les autres actions
Donc, en 2017, la Slovénie a proposé de faire du 20 mai (date de naissance de Janša) la Journée mondiale des abeilles à l’ ONU : ce fut adopté à l’unanimité ! Aujourd’hui, il symbolise une relation harmonieuse entre les humains et les abeilles, basée sur l’observation et le respect.
En résumé : Anton Janša, c’est l’homme qui a transformé l’apiculture en science, bien avant l’arrivée du microscope ou de la génétique, juste avec son œil, son intuition… et beaucoup d’amour des abeilles.
La Journée mondiale des abeilles du 20 mai est la vitrine la plus connue, mais l’ONU, et ses agences, mènent aussi d’autres actions concrètes pour soutenir les abeilles, les pollinisateurs et les apiculteurs, en particulier dans les pays en développement.
Par exemple, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) qui est l’agence principale qui pilote les actions sur les pollinisateurs dans le cadre de la sécurité alimentaire, propose les actions suivantes :
- Programmes de sensibilisation sur le rôle des pollinisateurs dans l’agriculture.
- Appui aux petits apiculteurs, notamment en Afrique, Asie et Amérique latine.
- Développement de politiques agricoles respectueuses des pollinisateurs.
- Production de rapports clés, comme :
- « Pollinators Vital to Our Food Supply Under Threat » (2016)
- « Bees and other pollinators – A critical link in food security »
Une autre initiative onusienne, la Convention sur la diversité biologique (CDB) inclut un « Plan d’action pour les pollinisateurs ». Ce plan sert à protéger les habitats naturels des pollinisateurs, mais aussi à intégrer la pollinisation dans les politiques agricoles. Il encourage l’agroécologie et la réduction des pesticides. On sait que c’est une des menaces qui pèsent sur les abeilles.
Pour rappel, les menaces sont les suivantes : les pesticides (néonicotinoïdes, fongicides, etc.), la perte de biodiversité (monocultures, disparition des haies et prairies), les changements climatiques (fleurs plus précoces, stress hydrique, etc.) les parasites & maladies dont des espèces exotiques envahissantes (Varroa destructor, Nosema, virus, frelon asiatiques…) sont les principales menaces qui pèsent sur les abeilles, mais pas les seules.
La Plateforme Intergouvernementale Scientifique sur la Biodiversité (IPBES), a publié, en 2016, le rapport « Pollinisateurs, pollinisation et production alimentaire ». C’est un document de référence, cofinancé par l’ONU, qui met en garde contre : le déclin des abeilles et pollinisateurs sauvages, l’appauvrissement de la biodiversité florale, et le lien direct entre pollinisation, nutrition humaine et économie agricole.

L’ONU crée des partenariats internationaux et des appuis aux pays, elle soutient la création de projets de ruchers durables dans plusieurs régions du monde (ex : Ethiopie, Népal, Haïti…). Elle encourage l’apiculture comme outil de développement rural, en fournissant du matériel tel que des ruches, mais aussi de la formation et de l’aide à la commercialisation du miel.
Mais l’ONU met aussi en place des actions éducatives et des campagnes de sensibilisation telles que l’organisation de webinaires, d’expositions, d’événements internationaux autour du 20 mai, comme la création de kits pédagogiques pour les écoles et universités et du soutien à des campagnes comme « Save the bees » ou « Pollinator Week ».
En résumé :
Agence ONU | Action principale |
---|---|
FAO | Programmes agricoles durables & soutien aux apiculteurs |
CDB | Plan d’action pour la protection des pollinisateurs |
IPBES | Rapport scientifique sur le déclin des pollinisateurs |
Programmes pays | Projets concrets de développement apicole |
Que peut-on faire pour participer à cette journée ?
Concrètement, on peut participer en plantant des essences locales et variées, des fleurs, des arbres et des haies riches en nectar et pollen. On peut éviter d’utiliser des pesticides (même bio !) en période de floraison, ne pas tailler les arbres et arbustes en période de reproduction des pollinisateurs (et autres habitants de l’écosystème tels que les oiseaux) et pratiquer une fauche tardive ou au moins par rotation. On peut installer des nichoirs à abeilles solitaires. On peut soutenir les apiculteurs locaux et les productions en agriculture durable, et participer à des actions de science participative telles que des suivis des pollinisateurs, Observatoire des saisons, etc.

Quelques chiffres pour finir
Les abeilles à miel ne sont pas les seules abeilles. En France métropolitaine, on compte environ 1000 espèces d’abeilles présentes. Au Nord de la Loire, il n’y en a plus que 800 environ.
Pour finir voici quelques chiffres et anecdotes à propos des abeilles à miel :
- Il y a environ 50 000 abeilles dans la colonie au mois de juin, mais 10 000 en janvier.
- Les abeilles maintiennent une température entre 34°C et 36°C autour du couvain.
- Le faux-bourdon (mâle d’abeille) meurt en fécondant la reine : ses organes génitaux explosent lors de l’accouplement.
- La reine s’accouple avec plusieurs faux-bourdons (entre 10 et 20) en vol, dans une zone de congrégation de mâles, lors d’un vol nuptial.
- Une reine fécondée peut pondre pendant 3 à 5 ans (rarement jusqu’à 5 ans), avec un stock de plus de 5 millions de spermatozoïdes !
- La reine peut pondre jusqu’à 2000 œufs par jour.
- Une ouvrière vit 5 à 6 semaines l’été et jusqu’à 5 mois l’hive
- Une abeille visite environ 50 à 100 fleurs par vol pour récolter le nectar ou le pollen.
- La butineuse peut faire 10 à 15 voyages par jour selon la météo et les ressources.
- Pour faire 500 g de miel, il faut que les butineuses visitent 2 millions de fleurs!
- Cela représente 40 000 km de vol, soit le tour de la Terre. La butineuse est capable d’aller chercher des ressources assez loin, jusqu’à plus de 5 km, mais elle préfère récupérer des ressources dans un rayon d’un 1 km seulement ! Elle dépensera moins d’énergie.
- Une colonie sédentaire produit entre 10 et 20 kg de miel excédentaire au cours d’une bonne année.
- L’abeille possède 170 récepteurs olfactifs différents sur ses antennes. C’est grâce à ce sens qu’elle est capable de déceler des ressources florifères et de reconnaître le bouquet phéromonal de la reine de sa colonie. Les abeilles dansent ! La danse frétillante indique la distance et la direction des ressources.
- Les abeilles battent des ailes environ 200 fois par seconde soit un bourdonnement à 250 Hz.
- Il faut 21 jours entre la ponte de l’œuf par la reine et l’émergence de l’ouvrière, 24 jours pour un faux-bourdon et 16 jours pour une reine.
- L’abeille s’oriente grâce au soleil, la polarisation de la lumière émise, même lorsque le ciel est couvert.
- Les abeilles produisent du venin, de la gelée royale et de la cire et elles récoltent du pollen, de la propolis du nectar et de l’eau. Les mâles d’abeille ne piquent pas, ils sont dépourvus de dard et ne produisent ni cire, ni gelée royale.
Bonne journée mondiale de l’abeille !!!
Et pour plus d’info, quelques sites et articles de l’ONU sur les abeilles.
https://news.un.org/fr/story/2023/05/1135357
https://unric.org/fr/nos-abeilles-se-meurent-et-leur-disparition-est-une-menace-pour-nous/

