Dans la vie de tous les jours, on fait souvent la confusion entre abeilles et guêpes par exemple. Pourquoi se ressemblent-elles ? Les abeilles et les guêpes ne sont pas les seules à se ressembler ; des mouches leur ressemblent aussi, comme les syrphes par exemple ! D’autres mouches ressemblent, elles, aux bourdons, comme le grand bombyle par exemple ou aux frelons, comme les volucelles par exemple.

Qu’est-ce que le mimétisme ou plutôt que sont les mimétismes ?

Le mimétisme est une stratégie évolutive dans laquelle une espèce (le mime), évolue pour ressembler à une autre espèce ou à un objet inanimé (le modèle), souvent pour obtenir un avantage de survie. Cette ressemblance peut se manifester par des traits physiques, des comportements ou des signaux chimiques. Voici une description des principaux types de mimétisme et de leurs avantages.

Dans le cas du mimétisme Batésien, une espèce inoffensive (le mime), imite les traits d’une espèce nocive ou toxique (le modèle) pour dissuader les prédateurs. Par exemple, le papillon vice-roi (Limenitis archippus) imite le papillon monarque (Danaus plexippus), qui est toxique pour les prédateurs.

En ce qui concerne le mimétisme Müllérien, deux ou plusieurs espèces nocives ou toxiques évoluent pour ressembler les unes aux autres, renforçant ainsi la signalisation de danger pour les prédateurs. Plusieurs espèces de papillons toxiques du genre Heliconius partagent des motifs de couleurs similaires.

D’autres formes de mimétismes existent aussi,  comme le mimétisme agressif par exemple. Dans ce cas, un prédateur ou un parasite, imite une espèce inoffensive ou une partie de l’environnement, pour approcher ses proies sans être détecté. Par exemple, le poisson-pêcheur (Lophiiforme) utilise un leurre en forme d’appât pour attirer des proies à portée de sa bouche.

Ou encore l’automimétisme : une partie du corps d’un organisme imite une autre partie de son propre corps pour tromper les prédateurs. Certains papillons ont des motifs sur leurs ailes qui ressemblent à des yeux, dissuadant ainsi les prédateurs.

Ce sont surtout des mimétismes en rapport avec la vue que nous avons évoqué, mais le mimétisme chimique existe aussi. Dans le cas du mimétisme olfactif ou chimique, une espèce imite les signaux chimiques d’une autre espèce, pour se dissimuler ou pour attirer. Certaines orchidées imitent les phéromones des abeilles femelles pour attirer les abeilles mâles pour la pollinisation.

Le mimétisme Wasmannien, permet aux bourdons-coucous par exemple de ne pas se faire repérer pendant les premiers stades du parasitisme, par exemple, lorsqu’une reine psithyre s’introduit dans une colonie de bourdon hôte. Ce mimétisme est connu chez d’autres insectes sociaux comme chez les fourmis.

Quels sont les avantages du mimétisme ?

Être mimétique peut aider contre l’attaque des prédateurs. Les espèces mimétiques bénéficient d’une réduction des risques de prédation en trompant les prédateurs potentiels. Par exemple, les serpents non-venimeux qui imitent les couleurs et motifs des serpents venimeux évitent d’être attaqués.

Cela peut aussi aider pour la reproduction : certaines espèces utilisent le mimétisme pour attirer des partenaires pour la reproduction. Les orchidées qui imitent les abeilles femelles incitent les abeilles mâles à tenter de s’accoupler avec elles, facilitant ainsi la pollinisation.

Les parasites peuvent utiliser le mimétisme pour entrer en contact avec leurs hôtes ou pour se camoufler parmi eux. Les coucous pondent leurs œufs dans les nids d’autres oiseaux et les œufs imitent ceux de l’hôte, réduisant les chances de détection et de rejet.

Cela peut conférer un certain succès à la chasse ; les prédateurs utilisent le mimétisme pour se rapprocher de leurs proies sans être détectés. Le poisson-pêcheur attire ses proies avec un leurre, augmentant ses chances de capture.

Quelques exemples de mimétismes :

Les insectes feuilles ou phyllies. Ces insectes ressemblent fortement à des feuilles, y compris les nervures et les imperfections, pour se camoufler dans leur environnement et éviter les prédateurs ; certains phasmes ressemblent à des feuilles, d’autres plutôt à des brindilles.

Les serpents faux-corail,  non-venimeux du genre Lampropeltis, imitent les motifs de couleur des serpents corail venimeux (Micrurus), pour éviter les prédateurs.

Le poisson feuille, ressemble à une feuille morte flottante, ce qui lui permet de se cacher des prédateurs et de surprendre ses proies.

Le mimétisme est une stratégie adaptative complexe et diversifiée, qui joue un rôle crucial dans les interactions écologiques et l’évolution des espèces. Il permet aux organismes de survivre dans des environnements hostiles en trompant les prédateurs, les proies ou les concurrents, illustrant ainsi la sophistication des mécanismes évolutifs dans la nature.

Qui mime les abeilles et quel type de mimétisme est-ce ?

Plusieurs insectes imitent les abeilles, et ce phénomène est généralement un exemple de mimétisme batésien. Voici quelques exemples d’insectes qui imitent les abeilles et le type de mimétisme qu’ils utilisent :

Les syrphes (famille des Syrphidae, ordre des Diptères).  Ces mouches, souvent appelées « mouches à fleurs », ressemblent fortement aux abeilles et aux guêpes en termes de couleurs et de motifs. Elles ont souvent des corps rayés de jaune et noir (mimétisme batésien). Les syrphes, étant inoffensifs, bénéficient de la protection contre les prédateurs qui évitent généralement les abeilles et les guêpes venimeuses.

Les Mouches des Fleurs (Genre Eristalis), toujours des Diptères, ressemblent à des abeilles mellifères avec des corps robustes et poilus et des motifs de couleurs similaires. En imitant les abeilles, elles évitent d’être prédatées par des oiseaux et autres prédateurs qui évitent les abeilles en raison de leurs piqûres.

D’autres ordres d’insectes imitent aussi les abeilles : les Coléoptères, les Longicornes (Famille Cerambycidae). Certains longicornes, comme ceux du genre Clytus, imitent les abeilles par leurs motifs rayés jaune et noir et leur comportement. La ressemblance avec les abeilles aide à dissuader les prédateurs. Des lépidoptères, comme les papillons (Genre Hemaris), miment les abeilles et les guêpes. Les sphinx du genre Hemaris, également appelés « moths abeilles », ont des corps fuselés et poilus avec des motifs de couleurs qui les font ressembler à des abeilles bourdonnantes.

Le mimétisme les protège contre les prédateurs, car leur ressemblance avec les abeilles piqueuses les rend moins susceptibles d’être attaqués.

Au sein même des hyménoptères, des Fourmis (Famille Formicidae) imitent les abeilles, comme les fourmis du genre Formica qui ont des corps et des motifs de couleur similaires à certaines espèces d’abeilles. En imitant les abeilles, elles peuvent éviter d’être attaquées par des prédateurs qui ont appris à éviter les abeilles en raison de leurs piqûres.

Le mimétisme batésien est un type de mimétisme où une espèce inoffensive imite les traits d’une espèce nocive ou toxique pour dissuader les prédateurs. Dans ce cas, les insectes inoffensifs imitent les abeilles/guêpes venimeuses, ce qui les protège contre les prédateurs qui préfèrent éviter les abeilles en raison de leurs piqûres douloureuses.

Conclusion

Le mimétisme batésien est une stratégie efficace pour la survie de nombreux insectes. En imitant les abeilles, ces insectes bénéficient de la protection accordée par la réputation des abeilles en tant qu’insectes venimeux et potentiellement dangereux pour les prédateurs. Ce type de mimétisme est un exemple fascinant de la manière dont l’évolution peut façonner les comportements et les apparences des organismes pour maximiser leurs chances de survie.

Est-ce que le fait que les abeilles et les guêpes se ressemblent est du mimétisme ?

Les abeilles et les guêpes partagent de nombreuses similitudes en termes de forme corporelle et de coloration, mais ces ressemblances ne sont pas un exemple de mimétisme au sens strict. Les deux groupes d’insectes appartiennent à la même super-famille, les Apoidea (famille des apidae et des vespidae), ce qui explique leurs caractéristiques communes. Cependant, il existe des cas où le mimétisme peut être observé entre différentes espèces de guêpes ou d’abeilles.

Voici quelques points pour clarifier : oui, les abeilles et les guêpes partagent un ancêtre commun, elles ont donc des origines évolutives communes et donc quelques similarités. Les deux groupes ont des corps segmentés, des antennes, des ailes membranaires et des couleurs souvent similaires (jaune et noir). Elles ont des adaptations fonctionnelles : les couleurs vives et les motifs rayés jaune et noir sont des signaux d’avertissement (aposematisme) indiquant aux prédateurs potentiels qu’ils peuvent piquer. Ces caractéristiques ont évolué indépendamment pour dissuader les prédateurs, c’est un exemple d’évolution convergente.

Mais on peut trouver des cas de mimétismes batésien entre espèces de guêpes. Certaines guêpes inoffensives imitent les couleurs et les motifs des guêpes plus agressives ou venimeuses pour dissuader les prédateurs. En effet, les guêpes du genre Sphecius peuvent imiter les couleurs de guêpes du genre Vespa.

On peut trouver du mimétisme Batésien entre Abeilles et Guêpes. Des insectes inoffensifs, comme certaines abeilles sans dard, du genre Melipona, imitent les abeilles ou les guêpes pour se protéger des prédateurs.

Du mimétisme Müllérien existe entre espèces venimeuses. Dans certains cas, des espèces venimeuses peuvent converger vers des apparences similaires, renforçant le signal d’avertissement pour les prédateurs. Par exemple, plusieurs espèces de guêpes et de bourdons partagent des motifs de coloration similaires (alternance de bandes jaune et noire), ce qui renforce le message de danger pour les prédateurs.

Les ressemblances entre abeilles et guêpes résultent principalement de leur ascendance commune et de l’évolution convergente plutôt que d’un mimétisme intentionnel. Cependant, le mimétisme batésien et müllérien peut être observé entre différentes espèces d’insectes, y compris entre certaines guêpes et abeilles ou leurs imitateurs inoffensifs. Ce phénomène montre comment l’évolution utilise des stratégies variées pour maximiser les chances de survie des différentes espèces.