Il est originaire d’Afrique. Les observations historiques, les études entomologiques et les analyses génétiques indiquent que Aethina tumida est naturellement présent en Afrique du Sud (province du KwaZulu-Natal notamment), au Zimbabwe, au Mozambique, en Tanzanie, au Malawi, en Zambie, au,Kenya, et probablement des zones voisines en Afrique centrale orientale. Dans ces régions, il coexiste depuis longtemps avec l’abeille Apis mellifera scutellata (l’abeille à miel africaine), qui a développé des comportements hygiéniques efficaces de nettoyage, et d’expulsion, une défense collective agressive contre les intrus, et une capacité à quitter la ruche rapidement en cas de menace. Ces adaptations font que le petit coléoptère est peu problématique en Afrique, comparé à l’impact dramatique qu’il a sur les abeilles européennes ou américaines, qui ne le connaissent pas.
Des études scientifiques ont confirmé que l’espèce a été décrite scientifiquement pour la première fois en 1949 en Afrique du Sud par Frederick Lundie. Les premiers signalements étaient dans des ruches affaiblies, souvent dans des contextes de stress ou de faible surveillance. les larves creusent des galeries dans les rayons et détruisent ainsi le couvain, elles souillent les rayons de leurs déjections, rendant le miel impropre à la consommation, elles font fermenter le miel. À cause du stress, les colonies peuvent abandonner la ruche. Ce petit coléoptère a une propagation rapide : un seul couple peut produire des milliers de descendants.
Chronique de sa propagation mondiale (espérer qu’il s’arrête maintenant serait malheureusement un peu naïf.)

Comme le frelon asiatique Vespa velutina, le petit coléoptère s’est exporté dans plusieurs régions du monde. Originaire d’Afrique, Aethina tumida s’est répandu en Amérique du Nord depuis 1996, aux États-Unis, mais aussi en Australie et en Europe, les premiers cas sont recensés en Italie en 2014, notamment en Calabre et en Sicile. Des dispositifs de surveillance ont été mis en place en France et ailleurs en Europe pour limiter son introduction.
Il est donc parti d’Afrique du Sud, il est arrivé en Floride (USA) en 1996, ce fut une introduction majeure qui entraîna une forte mortalité des colonies. Il est détecté au Canada en 2002, quelques cas ponctuels liés à des importations d’abeilles infestées aux USA. Cette même année, malgré une lutte sévère et des campagnes d’éradication, il arrive en Nouvelle-Galles du Sud en Australie. Il s’établit en Jamaïque en 2005, cette installation est stable. Il arrive au Mexique en 2007 où il affecte l’apiculture locale. Sa présence est confirmé à Cuba en 2013. En 2014 on le trouve en Espagne, sur l’archipel des Canaries, sur l’Ile de La Palma ou il a été éradiqué. Cette même année (2014), un foyer majeur est constaté en Europe continentale, en Calabre, en Italie.
Ce foyer est toujours présent malgré les mesures prises par les autorités. En 2016 il est détecté dans plusieurs états du Brésil et au Belize.
Il est signalé en 2017 en Chine, mais il y a peu d’informations publiques. En 2018 il continue son extension en Amérique centrale au Costa Rica. Une détection pré-2022 le note aux Philippines (et cette population est génétiquement proche de celle détectée à la Réunion). En 2022, le premier territoire français est touché. En matière de réglementation, l’espèce est classée comme danger sanitaire de catégorie 1 dans l’UE. En France, sa détection est à déclaration obligatoire. Des zones de surveillance et des mesures d’éradication sont immédiatement mises en œuvre en cas de détection.
Chronique détaillée de l’arrivée et de la gestion d’Aethina tumida à La Réunion
Le 5 juillet 2022, une suspicion de présence de Aethina tumida a été signalée dans un rucher situé entre Saint-Louis et Saint-Pierre. L’espèce a été confirmée par le Laboratoire National de Référence (ANSES Sophia‑Antipolis) le 6 juillet 2022, marquant la première détection sur le territoire français.
Un arrêté préfectoral établi le 7 juillet 2022 a instauré : avec une zone de confinement autour du rucher infesté, une zone de protection de 5 km, et une zone de surveillance s’étendant sur 5 km supplémentaires. https://especes-exotiques-envahissantes.fr/le-petit-coleoptere-des-ruches-aethina-tumida-detecte-pour-la-premiere-fois-a-la-reunion/. Les ruches contaminées étaient détruites (brûlées) pour tenter l’éradication.
Un premier bilan : le 25 juillet 2022, 12 foyers avaient été identifiés, tous concentrés dans le sud de l’île, autour de Saint‑Pierre. Aucune nouvelle détection n’a été signalée après le 21 juillet 2022. https://plateforme-esa.fr/fr/aethina-tumida-sur-lile-de-la-reunion-bilan-au-4-octobre-2022.
Une évolution de la stratégie de lutte nécessaire parce que malgré le maintien de la stratégie d’éradication jusqu’en juin 2023, la présence confirmée dans des essaims sauvages à Saint‑Philippe (signalée le 26 mai 2023, confirmée début juin) a amené les autorités à réévaluer leur position reunion.gouv.fr+3la1ere.francetvinfo.fr+3reunion.gouv.fr+3.

Le 11 août 2023, l’approche ciblée « vivre avec » a été approuvée, remplaçant l’éradication par des mesures de confinement, avec surveillance continue des ruchers professionnels et sauvages à Saint‑Philippe. https://www.reunion.gouv.fr/index.php/Actualites/Communiques-de-presse/Petit-coleoptere-des-ruches-evolution-vers-une-strategie-du-vivre-avec?
D’ou viendrait l’infestation ? En juillet–août 2022, des analyses génétiques ont révélé que les coléoptères réunionnais sont plus proches génétiquement des populations asiatiques (Chine, Philippines) que des populations africaines ou américaines. Cela suggère probablement une introduction humaine, potentiellement via le transport maritime ou du matériel contaminé.
Quelles conséquences pour la situation actuelle ? À ce jour, A. tumida n’a pas disparu de l’île et les mesures de confinement local et surveillance demeurent actives. Il y a une zone principalement impactée : Saint‑Philippe / sud-est réunionnais. Et l’objectif actuel est de maîtriser la population plutôt que d’éradiquer totalement, tout en protégeant l’Hexagone de toute diffusion.
Voici un récapitulatif chronologique
| Date | Événement |
|---|---|
| 05/07/2022 | Signalement de coléoptères dans un rucher |
| 06/07/2022 | Confirmation officielle de la présence |
| 07/07/2022 | Mise en place des zones de confinement/protection/surveillance |
| Fin juillet 2022 | Bilan initial : 12 foyers détectés |
| 26/05/2023 | Détection dans des ruches sauvages à Saint‑Philippe |
| 11/08/2023 | Passage à une stratégie « vivre avec » |
Voici un historique détaillé de l’invasion d’Aethina tumida en Calabre, région du sud de l’Italie.

Le 5 septembre 2014 : première détection confirmée à Gioia Tauro dans la province de Reggio Calabria. Les 13 et 20 octobre 2014 on identifie deux ruchers infestés à Taurianova, puis un troisième à Siracusa (Sicile) le 7 novembre. https://www.plateforme-esa.fr/fr/aethina-tumida-en-italie-situation-sanitaire-de-septembre-2014-mars-2015.
D’ici décembre 2014 : 59 foyers ont été détectés en Calabre, 56 à Reggio Calabria, 3 à Vibo Valentia, 1 rucher en Sicile avec environ 5 foyers de larves confirmés. La surveillance a continué jusqu’en 2016. En septembre 2015 d’autres ruchers sont positifs, il a été détecté des adultes et une larve dans 8 ruches à Figurelle di San Martino (commune de Taurianova).
Jusqu’au 1er décembre 2015 : 29 foyers recensés en Calabre, dont des « nuclei sentinelles » (essaims sentinelles) infectés https://www.plateforme-esa.fr/fr/aethina-tumida-en-italie-point-de-situation-2015-17. Le 21 avril 2016, cinq coléoptères adultes trouvés dans un nuclei sentinelle à Gioia Tauro, sans foyers supplémentaires
Origines (analyses génétiques)
Les analyses du gène cox1 montrent que les populations italiennes font partie d’un clade B, distinct du clade A (USA, Australie, Afrique du Sud). Ce clade B est étroitement lié à un échantillon du Cameroun, suggérant une introduction directe depuis l’Afrique et non via l’Amérique ou l’Australie. Cette introduction se serait produite probablement via le port de Gioia Tauro, avec des marchandises contaminées https://link.springer.com/article/10.1007/s13592-016-0465-3. Plus récemment, en 2017, parmi 483 ruchers inspectés, 5 ruchers d’apiculteurs et 6 ruchers sentinelles en Calabre se sont montrés positifs entre mars et septembre, aucun foyer en Sicile. Depuis juin 2017, aucun nouveau cas signalé dans la région blog.icko-apiculture.com. En 2018, la surveillance se maintient avec des inspections cliniques régulières, zones sentinelles autour de ports (Calabre et Sicile) .
Récapitulatif chronologique
| Date | Événement en Calabre |
|---|---|
| 05/09/2014 | Détection initiale à Gioia Tauro |
| Octobre 2014 | Foyers à Taurianova |
| Décembre 2014 | ~59 foyers en Calabre, 1 foyer en Sicile |
| 16/09/2015 | Foyers et larves à Figurelle di San Martino |
| 01/12/2015 | 29 foyers actifs signalés |
| 21/04/2016 | 5 adultes détectés dans nuclei sentinelle |
| Mars–Sept. 2017 | 11 foyers détectés parmi 483 ruchers |
| Juin 2017–octobre 2025 | Aucun nouveau cas recensé |
En résumé
La Calabre a été le premier foyer européen durable d’invasion d’Aethina tumida. L’infestation a commencé en 2014, s’est intensifiée jusqu’en 2015‑16, avant d’être maîtrisée grâce à un programme de surveillance stricte. Les analyses génétiques révèlent une origine africaine directe, probablement liée au commerce via le port de Gioia Tauro. Mais, le petit coléoptère de la ruche est toujours présent en Calabre, et des mesures spéciales sont également en place en Sicile malgré l’absence de nouveaux foyers récents.
Conclusion pour le sud de l’Italie, Calabre et Sicile.
Calabre (Italie méridionale)
Le coléoptère est endémique depuis sa première détection en 2014. Il reste confiné dans les provinces de Reggio Calabria et Vibo Valentia https://fr.wikipedia.org/wiki/Aethina_tumida. La Commission Européenne a maintenu le blocage des exportations apicoles depuis la Calabre.
Sicile
Deux foyers ont été détectés initialement en 2014 (suite à la transhumance depuis la Calabre), puis un second foyer isolé en 2019 à Lentini (province de Syracuse). Depuis 2019, il n’y a pas eu de nouvelles détections confirmées jusqu’à aujourd’hui, face à une nouvelle alerte en Sicile, des restrictions renforcées et des mesures de surveillance sont en cours en 2024–2025 .
Ce que cela signifie
| Région | Statut actuel | Actions en cours |
|---|---|---|
| Calabre | Infestation : endémique depuis 2014 | Surveillance active, restrictions jusqu’en 2026, contrôle du mouvement |
| Sicile | Aucun foyer actif depuis 2019 | Surveillance renforcée, interdictions temporaires |
En résumé :
Calabre est encore infestée, d’où les restrictions toujours en vigueur.
Sicile est potentiellement exempte depuis 2019, mais reste sous surveillance accrue et restrictions ponctuelles pour prévenir tout rebond : ce qui se passe en ce moment.
