Quelles tâches apicoles faut-il réaliser durant les mois de janvier, février et mars ?
L’entretien des ruches en hiver : que surveiller en janvier ?
Vérifier que les toits des ruches sont bien en place et qu’ils protègent efficacement contre la pluie, la neige et le vent. En région parisienne, les coups de vent sont généralement plus fréquents et plus intenses en hiver qu’en été. Les différences de pression atmosphérique expliquent ces coups de vents. En hiver, les zones de haute pression et de basse pression se déplacent plus rapidement, ce qui peut générer des vents plus forts. Les conditions météorologiques hivernales, comme les dépressions et les tempêtes, entraînent souvent des rafales plus puissantes.
Comment protéger les abeilles du froid et des intempéries ?
En hiver toujours, la différence de température entre l’air froid et l’air plus chaud peut favoriser des courants d’air plus forts, tandis qu’en été, les températures plus stables et les pressions plus homogènes créent des conditions plus calmes. (Cela dit, même si les coups de vent sont plus fréquents en hiver, des rafales peuvent aussi survenir en été, notamment lors de changements de temps brusques ou de phénomènes orageux). Il est utile de lester les toits des ruches, ou de les sangler au corps de ruche. Les toits chalets sont plus aérodynamiques et la probabilité qu’ils « s’envolent » est plus élevée. Toujours à l’extérieur, il faut s’assurer qu’aucune entrée n’est obstruée par la neige ou d’autres débris. Sangler les ruches est plus protecteur que les lester avec un caillou, parpaing, car si le vent arrive à bousculer et à faire tomber la ruche, celle-ci restera tout de même couchée sur le flan ou à l’envers et la grappe sera toujours protégée du vent et de la pluie.
Quelle alimentation hivernale pour les colonies ?

L’examen de l’entrée, pour évaluer la présence de cadavres d’abeilles, permet de suivre la mortalité. Une petite accumulation est normale, mais un grand nombre peut indiquer un problème. La quantité de miel disponible est cruciale, les abeilles doivent se nourrir de glucide pour activer leurs muscles du thorax afin de produire de la chaleur. Il faut surveiller les réserves en soulevant la ruche pour évaluer le poids. Si le poids semble insuffisant, il faut envisager un nourrissement d’urgence avec du candi ou des pains de sucre spéciaux pour abeilles. Toujours à l’extérieur, il faut vérifier que les grilles anti souris, ou les portes réductrices d’entrée soit en place (elles devraient avoir été mises bien en amont contre les frelons). Il faut aussi en profiter pour contrôler les hausses stockées à l’extérieur, qui pourraient aussi servir de nid à des mulots, des souris, ou des musaraignes, sous nos latitudes.
Les conditions météo du rucher sont aussi à surveiller car, il faut éviter l’accumulation de neige autour des ruches pour favoriser une bonne ventilation. On peut aussi en profiter pour débroussailler la parcelle où se trouve le rucher.
Il y a quelques travaux à effectuer. On peut commencer par la maintenance, la réparation du matériel par exemple, s’il manque une poignée, un fixe-élément… On nettoie et on répare le matériel, on peut gratter l’intérieur des enfumoirs, libérer les interstices des grilles à reine pleine de cire et de propolis.
On peut aussi commander les fournitures nécessaires pour la saison à venir (cire gaufrée, sirop, ruches supplémentaires …). Mais il est difficile d’anticiper la récolte et de commander des pots en verre dès l’hiver.
En région parisienne, pendant les mois de janvier et février, la diversité de fleurs à butiner est limitée en raison des températures froides, mais certaines plantes offrent encore du nectar aux abeilles et autres pollinisateurs. S’il y a quelques heures avec des températures clémentes en janvier et février et si les plantes ne sont pas très loin du rucher, voici où l’on peut rencontrer des abeilles : sur des hellébores ou rose de Noël. Ces fleurs apparaissent souvent en janvier et février et sont une source précieuse de nectar pour les abeilles en hiver. Sur corylopsis (Corylopsis spicata) appelé noisetier de Chine, cet arbuste fleurit dès février et produit des petites fleurs jaunes qui attirent les pollinisateurs. Autour de nous, il y a beaucoup de Mahonia ; cette plante arbustive fleurit pendant l’hiver, souvent dès janvier, et offre des fleurs jaunes qui attirent abeilles et bourdons. La viorne d’hiver (Viburnum tinus) fleurit en hiver, de janvier à mars, et ses petites fleurs blanches ou roses sont très prisées des abeilles.
Les premières observations et actions de l’apiculteur en février
Il faut continuer à surveiller la quantité de réserve des colonies et contrôler le poids de la ruche, comme en janvier. Si les réserves sont faibles, il faut donner du candi. Nous donnons un candi enrichi en protéines si la ponte a repris. On peut parfois commencer à observer de l’activité.
Quels signes surveiller pour anticiper les maladies ?
Lors des journées ensoleillées avec des températures supérieures à 10 °C on peut observer les vols de propreté. Les abeilles sortent pour éliminer les déchets de leur colonie. Il faut surveiller toute activité anormale (peu d’abeilles, vols désordonnés, absence totale d’activité).
Les travaux d’entretien du rucher sont tournés vers le futur : préparer l’emplacement pour de nouvelles ruches si on prévoit d’étendre le cheptel au printemps. On s’assure toujours que l’entrée de chaque ruche est bien ventilée et libre de tout obstacle. On se prépare pour le printemps en planifiant des divisions.
On peut terminer les réparations et la désinfection de votre matériel. Et surtout, profiter de cette période calme pour approfondir les connaissances apicoles par la lecture ou la participation à des formations ! Profiter aussi de discussions avec les collègues apiculteurs, ils ont du temps eux aussi : c’est le moment ! Consulter les notes de l’année précédente pour anticiper les problèmes ou ajuster les pratiques.

Mars : début de la saison apicole et premières inspections
On peut réaliser une pré-visite de printemps ou une visite de printemps complète suivant la météo. Pour la première inspection interne, il faut choisir une journée chaude (>12 °C) et sans vent pour ouvrir rapidement les ruches. On contrôle l’état de la colonie, on s’assure de la présence de la reine ou à défaut, de trace de ponte. On contrôle la quantité de réserves restantes, la taille de la grappe d’abeilles. On recherche d’éventuels signes de maladies (nosémose, loque). Si les réserves sont faibles ou si la colonie semble avoir besoin d’un coup de pouce, on envisage un nourrissement stimulant avec un sirop léger (50/50 eau et sucre). C’est aussi le moment où l’on peut changer des cadres : les cadres vieux, noirs, remplis d’exuvies, dont les alvéoles sont trop étriqués, sont retirés et remplacés par des neufs. On peut intervenir directement dans les ruches habitées par une colonie, car, à cette époque de l’année, les abeilles en grappes plus ou moins serrées n’occupent pas les 10 cadres. On surveille toujours l’activité, en observant les abeilles en vol. Les vols de butinage devraient reprendre progressivement si la météo le permet. On observe si les abeilles rapportent du pollen (élément clé pour le développement du couvain).
Fleurs et ressources mellifères disponibles en hiver

En mars, les crocus commencent à fleurir. Ils sont riches en nectar et sont des sources importantes de nourriture pour les abeilles au printemps. Certaines variétés de mimosa, surtout celles cultivées en régions plus douces, commencent à fleurir, offrant du nectar aux pollinisateurs. Les pervenches (Vinca minor) peuvent fleurir dès mars, offrant du nectar aux abeilles.
Chez les arbres, les Prunus (Prunier, cerisier) commencent parfois à fleurir dès fin mars, offrant une nourriture bienvenue pour les abeilles. Même en hiver, il est important de favoriser la présence de plantes mellifères et de nourrir les pollinisateurs en installant des hôtels à insectes et en laissant des espaces sauvages.
En observant les abeilles en dehors de la ruche, on en profite aussi pour contrôler l’état sanitaire, pour déceler d’éventuels symptômes de maladies (ex. : diarrhée, comportement erratique).
En Mars, on continue la veille du savoir en participant à des réunions avec d’autres apiculteurs pour partager nos observations et préparer collectivement à la saison. L’apiculteur est souvent seul dans son exploitation et discuter permet d’éviter des erreurs et d’ouvrir d’autres horizons.
