Quand on pense à la migration, ce sont souvent les oiseaux qui nous viennent à l’esprit. Pourtant, de nombreux autres animaux sont aussi de grands voyageurs.
Plongez avec nous dans le monde méconnu de ces aventuriers de la nature, qui, sur terre, dans les eaux ou dans les airs, parcourent parfois des milliers de kilomètres pour survivre.
Les grands mammifères
On connaît, grâce souvent aux documentaires, les migrations des grands mammifères africains comme l’éléphant de savane (Loxodonta africana), le gnou bleu (Connochaetes taurinus) et le zèbre des plaines (Equus quagga).
Les éléphants de savane, africains, migrent sur de longues distances en quête d’eau et de nourriture, suivant souvent des routes saisonnières anciennes. Pendant la saison sèche, ils parcourent de grandes distances pour atteindre des points d’eau.
Les zèbres des plaines habitent l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, ils sont connus pour leurs migrations à travers la savane africaine, en particulier dans le Serengeti (Tanzanie) et le Masai Mara (Kenya). Ils se déplacent en grands groupes avec d’autres herbivores comme les gnous, suivant la disponibilité des pâturages verts. Ils recherchent de nouvelles pâtures et suivent les pluies saisonnières.
Les gnous bleus, habitants de l’Afrique de l’Est eux aussi, effectuent l’une des migrations animales les plus célèbres, connue sous le nom de grande migration. Chaque année, environ 1,5 million de gnous migrent en boucle à travers le Serengeti et le Masai Mara, parcourant plus de 1 800 kilomètres. Eux aussi suivent les pluies et les nouvelles pousses de végétation pour se nourrir.
Sur les plateaux tibétains, en Asie, l’antilope du Tibet (Pantholops hodgsonii) migre sur de longues distances dans des environnements montagneux rigoureux pour se reproduire. Les femelles migrent vers des régions spécifiques pour mettre bas, puis retournent avec leurs petits vers les zones de pâturage.
Sur un autre continent, l’Amérique, ici l’Amérique du Nord, le bison d’Amérique (Bison bison) migrait. Historiquement, les bisons d’Amérique migraient en vastes troupeaux à travers les plaines américaines, suivant la disponibilité des pâturages saisonniers. Aujourd’hui, certaines populations migrent toujours sur de courtes distances dans les parcs protégés, toujours, pour suivre la disponibilité de la nourriture et éviter des conditions météorologiques extrêmes.
Les rennes ou (caribous pour le continent américain) (Rangifer tarandus) sont connus pour effectuer certaines des plus longues migrations terrestres. En Amérique du Nord, ils parcourent des milliers de kilomètres chaque année, se déplaçant des forêts boréales vers la toundra arctique pour se nourrir durant l’été et retourner dans les forêts en hiver. Ils migrent pour se nourrir, ils suivent la disponibilité de la nourriture (lichens et herbes) et éviter le froid extrême. Ces animaux occupent les régions arctiques et les régions subarctiques en Amérique du Nord, en Europe, et en Asie.
On ne pense pas généralement aux migrations effectuées en milieu marin, il y en a cependant, comme celles des baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) qui migrent dans les océans du monde entier. Les baleines à bosse effectuent de longues migrations annuelles entre les eaux tropicales et les eaux polaires. Elles se nourrissent dans les eaux froides et riches en nutriments des pôles pendant l’été, puis migrent vers les eaux chaudes pour se reproduire et mettre bas durant l’hiver.
Elles recherchent des eaux riches en nourriture et des conditions favorables à la reproduction. Comme d’autres baleines, les rorquals communs (Balaenoptera physalus) migrent entre les eaux froides où ils se nourrissent et les eaux plus chaudes où ils se reproduisent. Ces migrations couvrent des milliers de kilomètres. Ce ne sont pas les seuls à migrer, dans l’océan Pacifique (côtes de l’Amérique du Nord) les éléphants de mer du Nord (Mirounga angustirostris) entreprennent des migrations longues et profondes dans l’océan, se déplaçant sur des milliers de kilomètres entre leurs zones d’alimentation dans l’océan Pacifique Nord et leurs lieux de reproduction sur les plages de Californie et du Mexique. Ils ont besoin de plages pour se reproduire et de se nourrir dans des zones riches en poissons et calmars. De même, mais le long d’un autre continent, l’Afrique, les otaries à fourrure d’Afrique du Sud (Arctocephalus pusillus) se déplacent régulièrement entre les zones de reproduction et les zones d’alimentation le long des côtes sud et ouest de l’Afrique, couvrant des distances importantes dans l’océan. Elles se déplacent entre les aires d’alimentation riches en poissons et les colonies de reproduction.
Ces exemples montrent que la migration est une stratégie clé pour de nombreux mammifères, leur permettant de s’adapter aux changements environnementaux et de maximiser leur survie et leur reproduction.
Les poissons
Les migrations des poissons peuvent se produire sur de longues distances en mer, en eau douce, ou entre les deux. Il existe trois principaux types de migrations chez les poissons :
les poissons anadromes vivent en mer mais migrent en eau douce pour se reproduire. L’exemple le plus emblématique est le saumon. Les saumons passent la majeure partie de leur vie en mer, mais retournent dans les rivières où ils sont nés pour se reproduire. Ils remontent les cours d’eau, parfois sur des centaines de kilomètres, pour atteindre leurs zones de frai. Mais, c’est aussi le cas de certaines espèces d’esturgeons qui effectuent également des migrations anadromes pour pondre leurs œufs dans les rivières.
Les poissons catadromes font l’inverse des anadromes ; ils vivent en eau douce mais migrent en mer pour se reproduire. L’exemple le plus classique est l’anguille d’Europe (Anguilla anguilla). Les anguilles passent leur vie en eau douce et migrent jusqu’à la mer des Sargasses, dans l’Atlantique, pour se reproduire. Après l’éclosion, les jeunes anguilles (civelles) retournent vers les côtes européennes.
Certains poissons migrent uniquement en milieu marin, suivant les courants océaniques ou les ressources alimentaires saisonnières. Le thon rouge de l’Atlantique, par exemple, migre sur des milliers de kilomètres pour se nourrir et se reproduire, suivant les courants et les températures marines. Il migre aussi sur de longues distances, notamment dans le Pacifique, à la recherche de zones de nourriture.
Les batraciens (amphibiens tels que les grenouilles, les crapauds et les tritons)
Ils migrent généralement sur des distances plus courtes que les poissons, souvent quelques centaines de mètres à quelques kilomètres, mais leurs migrations jouent un rôle essentiel dans leur cycle de vie. En effet, beaucoup d’amphibiens retournent à des étangs, mares ou rivières pour se reproduire, souvent à l’endroit exact où ils sont nés, en utilisant des repères chimiques ou environnementaux. En Europe, la grenouille rousse (Rana temporaria) migre chaque année vers les mares où elle est née pour pondre ses œufs. Ces migrations sont souvent synchronisées avec les pluies printanières. Le crapaud commun (Bufo bufo) est connu pour ses migrations collectives en masse vers les étangs de reproduction. Des associations de protection construisent des « crapauducs » pour les aider à traverser les routes dangereuses. Certains batraciens migrent aussi pour trouver des endroits propices pour hiberner pendant l’hiver, cherchant des zones protégées et humides comme des terriers, des crevasses ou des sous-bois. La salamandre tachetée (Ambystoma maculatum) originaire d’Amérique du Nord, migre à la fin de l’hiver vers des mares temporaires pour la reproduction, puis se retire dans les forêts pour l’hibernation. La grenouille des bois (Lithobates sylvaticus) migre vers des zones forestières humides pour hiberner sous les feuilles, car elle possède une capacité unique de survie face au gel.
Les migrations chez les poissons et les batraciens sont souvent déclenchées par des signaux environnementaux comme la température, la lumière du jour et les pluies, qui indiquent des périodes favorables pour la reproduction ou la survie. Ces déplacements sont essentiels pour le maintien des populations et pour répondre aux besoins de leur cycle de vie.
Les chauves-souris
Les chauves-souris migrent principalement pour suivre la disponibilité de leurs ressources alimentaires et pour éviter des conditions climatiques extrêmes, comme le froid hivernal. Bien que toutes les espèces ne soient pas migratrices, celles qui le sont effectuent parfois des déplacements sur des milliers de kilomètres. Certaines chauves-souris migrent sur des courtes distances pour rechercher des sites de refuge, tandis que d’autres entreprennent de longues migrations saisonnières, de centaines à milliers de kilomètres. Par exemple, la grande chauve-souris brune (Eptesicus fuscus) migre sur de courtes distances pour trouver des sites d’hibernation dans des grottes, des mines ou des bâtiments. La petite chauve-souris brune (Myotis lucifugus) peut migrer sur des centaines de kilomètres pour atteindre des sites d’hibernation sécurisés où elle passera l’hiver dans un état de torpeur pour économiser de l’énergie. Les chauves-souris qui se nourrissent d’insectes ou de nectar migrent souvent pour suivre la disponibilité de leur nourriture, qui varie selon les saisons. Par exemple, la tadaride du Brésil (Tadarida brasiliensis), cette espèce est connue pour ses migrations en Amérique du Nord, allant du Mexique aux États-Unis pour se nourrir en été, puis retournant dans les régions plus chaudes pour éviter les hivers froids. Un autre exemple, la chauve-souris à nez de chien (Chaerephon plicatus), dans certaines régions d’Asie, cette chauve-souris suit les migrations des insectes dans les zones agricoles pour se nourrir. Certaines chauves-souris migrent vers des sites spécifiques pour se reproduire ou mettre bas, souvent en grands groupes, et rejoignent des colonies de maternité où les conditions sont optimales pour élever les petits. Par exemple, la chauve-souris de Nathusius (Pipistrellus nathusii), en Europe, parcourt des centaines à plus de 2 000 kilomètres pour rejoindre ses sites de reproduction en été, puis retourne vers des zones plus chaudes pour hiverner. La roussette d’Égypte (Rousettus aegyptiacus) migre dans certaines régions pour se reproduire dans des grottes protégées, où elles restent en grandes colonies. Pendant les migrations, les chauves-souris s’arrêtent souvent dans des lieux de repos temporaires, comme des cavités d’arbres, des bâtiments abandonnés ou des grottes. Ces sites offrent des abris où elles peuvent se reposer ou s’alimenter avant de continuer leur voyage. Les chauves-souris vivant dans les climats froids recherchent également des sites d’hibernation où elles peuvent entrer en torpeur pour économiser de l’énergie et survivre pendant l’hiver, lorsque les insectes, leur nourriture principale, sont rares. Les migrations de chauves-souris sont souvent déclenchées par des changements de température, de durée du jour et de disponibilité des ressources. Ces signaux naturels indiquent les meilleures périodes pour partir, en fonction de l’abondance des ressources dans la région de destination. Les migrations de chauves-souris peuvent être dangereuses, en raison des prédateurs, des intempéries, et des obstacles créés par l’homme, comme les éoliennes et les bâtiments éclairés. Les éoliennes posent notamment des risques significatifs, car certaines chauves-souris migratrices sont souvent blessées en entrant en collision avec elles. Les migrations de chauves-souris sont vitales pour leur cycle de vie et, à une plus grande échelle, pour les écosystèmes. Elles permettent aux chauves-souris d’aider au contrôle des populations d’insectes et de participer à la pollinisation des plantes dans les régions qu’elles traversent.
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