Quelles baies sont consommées et qui les mange ? Sans oublier non plus qui a œuvré pour leur création. Il a fallu non seulement l’arbre, l’arbuste ou bien la plante, mais aussi des pollinisateurs !
Qu’appelle-t-on baie ?


Les baies sont essentielles pour certains et non juste une part de l’alimentation.

Les baies sont essentielles pour l‘hivernage des grives nordiques en France, notamment pour la grive mauvis (Turdus iliacus) et la grive litorne (Turdus pilaris).
Elles sont une source d’énergie indispensable, car, en hiver, les insectes et vers de terre, qui constituent une part importante de leur alimentation en été, deviennent rares. Les baies offrent une source de sucre rapide et facilement accessible, permettant aux grives de reconstituer leurs réserves énergétiques face au froid. Les arbustes à baies sont un garde-manger naturel. Les grives nordiques se nourrissent principalement de fruits d’aubépine (Crataegus monogyna), de sorbiers des oiseleurs (Sorbus aucuparia), de houx (Ilex aquifolium), de lierre (Hedera helix), des troènes (Ligustrum vulgare), de fusain d’Europe (Euonymus europaeus), de pyracantha (Pyracantha spp.). Les grives nordiques arrivent en France à l’automne, en provenance de Scandinavie et de Russie, où les ressources alimentaires s’épuisent. La disponibilité en baies conditionne en partie leur distribution hivernale : si les ressources viennent à manquer, elles descendent plus au sud ou cherchent des prairies ouvertes où elles peuvent encore trouver quelques invertébrés. Mais, en cas de températures trop clémentes, certaines grives prolongent leur séjour plus au nord et arrivent plus tard en France. Le réchauffement climatique avec des hivers doux, perturbe leur comportement. L’arrachage des haies dans les campagnes limite leur accès aux baies sauvages et leur est aussi préjudiciable.
Les baies présentes chez nous attirent des animaux de très loin !
Pourquoi les jaseurs « envahissent-ils » la France ?
Les invasions ponctuelles de jaseurs boréaux (Bombycilla garrulus) en France sont des événements fascinants, liés à la disponibilité alimentaire et aux conditions climatiques dans leur aire de répartition nordique. Le jaseur boréal est un oiseau nordique, nichant principalement en Scandinavie, en Russie et en Sibérie. Il vit habituellement dans les forêts boréales, où il se nourrit surtout de baies en hiver. Ces oiseaux descendent massivement en Europe de l’Ouest lorsque les ressources alimentaires viennent à manquer dans leur zone habituelle d’hivernage. Si les baies des sorbiers, aubépines, troènes et genévriers sont rares dans le nord, ils migrent plus loin, jusqu’en France, Espagne, voire au Maghreb. Ces arrivées massives sont appelées « irruptions », contrairement aux migrations régulières d’autres espèces. Lorsqu’un hiver est particulièrement froid en Scandinavie et en Russie, les jaseurs se déplacent en quête de nourriture plus accessible. En France, ils peuvent être observés surtout dans le nord et l’est du pays, mais parfois aussi dans le centre et jusqu’en Occitanie. Ils arrivent souvent en bandes bruyantes de plusieurs dizaines, voire centaines d’individus. Ils sont très grégaires et recherchent ensemble des arbres à baies pour s’alimenter. Lorsqu’ils trouvent un site riche en nourriture, ils le vident en quelques jours avant de repartir ailleurs. Les invasions de jaseurs sont irrégulières, mais certaines années marquent les esprits. Les dernières irruptions notables en France sont pendant les hivers : 2012-2013 → Une invasion massive a été observée en France et en Angleterre ; 2016-2017 → Une arrivée plus modérée, mais bien visible dans le nord de la France ; et 2022-2023 → Quelques signalements en Normandie, Hauts-de-France et Grand Est.
Ces phénomènes dépendent fortement des conditions météorologiques et de la fructification des arbres en Europe du Nord. Pour les attirer, il faut avoir des arbustes à baies, tels que des sorbiers, des aubépines, des lierres et des pyracanthas sont leurs préférés. Ils arrivent souvent après une période de gel intense dans le Nord de l’Europe. Si vous souhaitez les observer en hiver, après une vague de froid, regardez dans les parcs et les jardins urbains, ils ne sont pas farouches et visitent aussi les villes, attirés par les baies ornementales. (Vous pouvez aussi suivre les indications des sites internet ornithologiques.) Les jaseurs boréaux sont de véritables visiteurs d’exception en France, et leurs apparitions massives sont des événements spectaculaires pour les ornithologues. Bien que rares, ces invasions ponctuelles sont des témoins des variations climatiques et des cycles naturels qui influencent la faune sauvage.
Les baies de sorbier
Les baies de sorbier des oiseleurs sont une source de nourriture précieuse pour de nombreux animaux, en particulier les oiseaux, mais aussi certains mammifères. Les baies du sorbier sont très appréciées par plusieurs espèces d’oiseaux, notamment en automne et en hiver, lorsque d’autres ressources alimentaires se raréfient. Parmi eux, les grives (grive musicienne, grive litorne, grive mauvis, grive draine), les merles noirs, les étourneaux sansonnets, les rouges-gorges, les fauvettes (fauvette à tête noire, fauvette des jardins), les Geais des chênes, les gros-becs casse-noyaux, les mésanges (mésange bleue, mésange charbonnière), les pigeons ramiers et aussi les cassenoix mouchetés, bien que nous risquions de ne jamais en voir en région parisienne.
Mais jetez un coup d’œil en direction des sorbiers pendant vos vacances aux sports d’hiver, vous risquez d’en apercevoir si vous avez la chance de visiter la montagne. Ces oiseaux dispersent les graines en consommant les baies et en les rejetant dans leurs déjections, contribuant ainsi à la propagation du sorbier. Certaines espèces de mammifères se nourrissent aussi des baies tombées au sol. Il s’agit des renards roux, des martres et fouines, des écureuils roux et des rongeurs forestiers (campagnols, mulots).
En hiver, les baies peuvent fermenter légèrement à cause du gel et du dégel, produisant de l’alcool. Il arrive parfois que des oiseaux, comme les grives et les merles, deviennent désorientés ou « ivres » après en avoir consommé une grande quantité !

Quelles baies pour l’écureuil roux (un rongeur) ou le renard roux (un carnivore) ?

En France, les écureuils roux (Sciurus vulgaris) sont des omnivores opportunistes, mais ils ont une nette préférence pour certaines baies lorsqu’elles sont disponibles. Ces petits rongeurs se nourrissent principalement de graines, fruits secs et champignons. Mais en été et en automne, ils consomment aussi des baies sucrées et énergétiques. En ce qui concerne les baies sauvages, les mûres sont très appréciées en fin d’été et en automne, les framboises sauvages comme sources de sucres et d’hydratation (les myrtilles et airelles ne concernent que les écureuils habitants la montagne). Les baies de sorbier des oiseleurs sont consommées à maturité, parfois laissées sécher pour l’hiver.
Et les cynorrhodons, riches en vitamine C, sont appréciés en hiver. Les baies de l’aubépine (Crataegus monogyna) sont consommées occasionnellement et celles du sureau noir (Sambucus nigra) sont fortement prisées lorsqu’elles sont bien mûres. Pour les baies de nos jardins, ils aiment les fraises (Fragaria x ananassa), les framboises de culture, toutes aussi appréciées que leurs homologues sauvages, les mûres de ronce cultivée et les cassis et groseilles moins fréquentes dans leur alimentation, mais consommées si accessibles.
Les écureuils consomment ces baies en les cueillant directement sur les branches ou récupèrent celles tombées au sol. Ils peuvent stocker certaines baies séchées pour l’hiver, notamment celles du sorbier et du cynorrhodon. Leur régime est opportuniste : en période de pénurie de graines (glands, noisettes), ils se tournent davantage vers les baies. Les écureuils jouent un rôle écologique dans la dispersion des graines et participent à la régénération des forêts en disséminant certaines graines et noyaux (notamment ceux des baies du sorbier). Ce comportement aide à la croissance de nouvelles plantes et arbres.
Le renard roux (Vulpes vulpes), et un omnivore opportuniste, sachant adapter son alimentation aux saisons et à la disponibilité des ressources. Il consomme principalement des petits mammifères, des insectes et des charognes, mais il ne dédaigne pas les fruits et baies sauvages, qui représentent une part importante de son régime, notamment en automne. Il va consommer des mûres, très prisées en fin d’été et début d’automne, des framboises sauvages, faciles à consommer et sucrées, des myrtilles et airelles, fortement appréciées en milieu forestier. Les baies des sorbiers des oiseleurs sont une source de nourriture hivernale lorsque la faune se raréfie, et les baies de cynorrhodons, le fruit de l’églantier, très riches en vitamine C, consommés à l’automne et en hiver. Les baies du sureau noir attirent les renards en fin d’été, les baies d’aubépine sont appréciées en complément alimentaire et les baies du houx (Ilex aquifolium) sont occasionnellement ingérées, bien que toxiques pour certains autres mammifères. Le renard peut aussi parfois manger des baies cultivées comme les fraises, les framboises de culture, les mûres des ronces cultivées, plus facilement accessibles en lisière de forêts que les baies des potagers, et enfin les raisins tombés au sol en période de vendange.
Pourquoi les renards mangent-ils des baies ?
Quand les proies se font rares, notamment en automne et en hiver, les fruits et baies complètent leur régime. Les renards, les chiens et d’autres carnivores n’ont pas, comme les chats, un régime strictement carnivore. De plus, les baies sont riches en sucres et en eau, offrant une source d’énergie rapide, et certains fruits et baies aident à la digestion et au transit intestinal. Du point de vue écologique, les renards comme les écureuils, participent à la dispersion des graines comme d’autres mammifères (blaireaux, martres) via leurs excréments, favorisant la régénération des plantes.
Toutes les baies sont aussi hydratées et l’eau est parfois une ressource difficile à trouver en hiver. Elles sont, soit la nourriture principale des animaux, soit une partie, lorsque les insectes ne sont pas disponibles l’hiver . Elles participent, avec d’autres fruits non pollinisés par des insectes, tels que les glands des chênes, les faines ou les noisettes, à nos écosystèmes urbains et périurbains de façon non négligeable. En conclusion : plantez des haies !
En France, de nombreuses baies sauvages et cultivées résultent de la pollinisation par les abeilles et les bourdons. Ces insectes pollinisateurs jouent un rôle essentiel en assurant la fécondation des fleurs, permettant ainsi la formation des fruits.
Les abeilles et bourdons visitent les fleurs de ronces, favorisant la production de mûres. Les apiculteurs récoltent même du miel de ronce !
Pour avoir de belles fraises bien formées, il faut une pollinisation par des insectes, des abeilles en particulier. Les bourdons sont, eux, très efficaces grâce à leur pollinisation vibratile pour les myrtilles et les airelles ! En faisant vibrer les fleurs, ils libèrent plus de pollen et assurent une meilleure fécondation.
Pour les plantes cultivées, les bourdons sont souvent utilisés sous serre pour une pollinisation efficace, les abeilles sont perdues sous serre, elles se repèrent très mal. Mais en général, une pollinisation croisée améliore le rendement. La présence d’abeilles et de bourdons augmente la taille et le taux de nouaison des fruits, c’est-à-dire la relation entre le nombre de fleurs sur une inflorescence et le nombre de baies par grappe, sur les groseilles par exemple.
La présence de ces pollinisateurs bourdons abeilles et tous les autres est un enjeu pour la biodiversité et la production.
