
Certains rongeurs visitent les fleurs pour leur nectar et leur pollen. On peut citer quelques espèces, comme la gerbille des sables (Gerbillurus paeba) en Afrique australe, pollinisant des plantes comme Protea. Le rat rayé africain, (Rhabdomys pumilio) impliqué aussi dans la pollinisation des Protea en Afrique du Sud. Quelques primates visitent les fleurs et peuvent accidentellement transporter du pollen. Par exemple chez les lémuriens, le vari noir et blanc (Varecia variegata) pollinise le Ravenala madagascariensis (arbre du voyageur) à Madagascar. Toujours chez les primates, certaines espèces de singes, comme les tamarins ou les singes capucins, consomment du nectar et interagissent avec des fleurs tropicales. On trouve aussi quelques pollinisateurs au sein des musaraignes (Eulipotyphla) comme la musaraigne musquée (Suncus murinus) et des petits mammifères insectivores (Macroscelidea) comme les musaraignes éléphants (Elephantulus spp.) qui pollinisent des plantes en Afrique.
Les mammifères marsupiaux, comme les opossums souris (Marmosa spp.) pollinisant des fleurs tropicales en Amérique du Sud, mais aussi d’autres espèces notamment en Australie et en Nouvelle-Guinée, participent à la pollinisation en visitant des fleurs pour leur nectar.
Ces animaux transportent le pollen sur leur fourrure en explorant les fleurs pour se nourrir. On peut noter le Phascogale pygmée ou opossum pygmée (Cercartetus concinnus), un petit marsupial nectarivore qui pollinise des fleurs d’eucalyptus et de banksia. On peut aussi parler de la souris à miel (Tarsipes rostratus) spécialisée dans la consommation de nectar et de pollen des plantes australiennes. Ces marsupiaux ont souvent une longue langue adaptée pour accéder au nectar.



Dans des environnements arides où les insectes pollinisateurs peuvent être rares, Gerbillurus paeba joue un rôle important dans la reproduction de certaines plantes typique des milieux désertiques. L’interaction est de type mutualiste : la gerbille bénéficie du nectar comme source d’énergie et les plantes dépendent de la gerbille pour transporter leur pollen.
La pollinisation par les mammifères contribue à la diversité et à la résilience des plantes désertiques face aux conditions extrêmes. Bien que Gerbillurus paeba ait été identifié comme pollinisateur, ce phénomène reste peu documenté et mérite davantage de recherches pour mieux comprendre son importance écologique.
La destruction des habitats et les changements climatiques pourraient affecter ces interactions spécialisées, mettant en péril les plantes et leurs pollinisateurs. Gerbillurus paeba est donc un exemple unique de mammifère jouant un rôle clé dans la pollinisation, en particulier dans les environnements désertiques. Cette relation illustre l’incroyable diversité des stratégies de reproduction des plantes et l’importance des interactions animales dans les écosystèmes les plus extrêmes.

Comment Varecia variegata pollinise le Ravenala madagascariensis ?
Le Ravenala madagascariensis produit un nectar riche et abondant, ce qui attire les lémuriens comme le Varecia variegata. Le lémurien, en quête de nectar, se rend régulièrement sur les grandes fleurs en forme de mains ouvertes de Ravenala. Ces fleurs sont disposées en grands faisceaux et sont particulièrement adaptées aux pollinisateurs comme les lémuriens.
En utilisant son nez allongé pour atteindre le nectar situé au fond des fleurs, le Varecia variegata entre en contact avec les étamines, qui libèrent le pollen. Le pollen se fixe sur la fourrure du lémurien, en particulier autour de son visage, de son nez et de sa bouche. En visitant une autre fleur de Ravenala madagascariensis, le Varecia variegata dépose le pollen qu’il a transporté d’une fleur à l’autre, assurant ainsi la pollinisation croisée entre les plantes.
Les fleurs de Ravenala madagascariensis ont évolué pour être particulièrement adaptées à la pollinisation par des lémuriens et d’autres grands pollinisateurs tels que les oiseaux. Les fleurs de Ravenala sont grandes et accessibles pour les primates, avec une structure robuste capable de supporter l’interaction physique avec les lémuriens. Les fleurs sont disposées de manière à être faciles d’accès pour des animaux grimpeurs comme le Varecia variegata, qui peut atteindre les têtes de fleurs situées à une hauteur raisonnable. Le nectar est produit en grande quantité pour attirer les lémuriens et d’autres pollinisateurs potentiels. La forme de la fleur de Ravenala est conçue pour encourager un contact direct avec les parties reproductrices, facilitant le transfert de pollen lors de l’alimentation des lémuriens. Le Varecia variegata, bien que moins efficace que certains autres pollinisateurs (comme les insectes ou les oiseaux), joue néanmoins un rôle important dans la pollinisation de Ravenala madagascariensis. Cela permet à cette plante de produire des graines viables et de maintenir la diversité génétique au sein de ses populations. La pollinisation par le Varecia contribue à la reproduction et à la survie des populations de Ravenala, particulièrement dans les écosystèmes de forêt tropicale humide où ces plantes sont abondantes.
À l’occasion de la Journée mondiale de la Terre, Bee Planète, rappelle l’importance des pollinisateurs, y compris les mammifères, dans le maintien de la biodiversité.