3ème partie – Non placentaires mais marsupiaux

Les opossums souris du genre Marmosa

D’autres mammifères non placentaires, mais marsupiaux participent aussi à la pollinisation. Les opossums souris du genre Marmosa, présents principalement en Amérique centrale et en Amérique du Sud, participent à la pollinisation de plusieurs plantes tropicales en visitant leurs fleurs pour se nourrir de nectar et parfois de pollen. Bien que leur rôle de pollinisateurs soit moins connu que celui des oiseaux ou des insectes, ces petits marsupiaux nocturnes jouent un rôle significatif dans certains écosystèmes forestiers tropicaux.

Les Marmosa spp. visitent des fleurs appartenant à différentes familles végétales, notamment des espèces qui présentent des adaptations spécifiques pour attirer des mammifères comme eux. Par exemple, les plantes de la famille des Bignoniaceae comme Crescentia alata (calebassier). Ces plantes produisent des fleurs robustes et riches en nectar, adaptées aux pollinisateurs nocturnes comme les opossums souris. Des plantes de la famille des Bombacaceae (aujourd’hui incluse dans les Malvaceae), comme Ceiba pentandra (kapokier).

Les opossums visitent les grandes fleurs pour se nourrir du nectar. Dans la famille des Fabaceae, les Parkia spp. (néré ou arbre aux haricots). Ces arbres tropicaux produisent des fleurs à nectar abondant accessibles aux petits mammifères, comme les chauves-souris. Dans la famille des Myrtaceae, certains arbres du genre Eugenia produisent des fleurs que les opossums souris explorent pour leur nectar.

Les Marmosa spp. se nourrissent principalement du nectar produit par les fleurs nocturnes. Lorsqu’ils explorent les fleurs, leur museau, leurs pattes et leur fourrure entrent en contact avec les organes reproducteurs de la plante (étamines et pistil). Le pollen adhère à leur pelage ou à leur museau. Lorsqu’ils se déplacent vers une autre fleur, ils déposent ce pollen, permettant ainsi la pollinisation croisée.

Étant nocturnes, les opossums souris visitent les fleurs pendant la nuit, un moment où d’autres pollinisateurs diurnes (comme les oiseaux et les insectes) ne sont pas actifs. Les Marmosa spp. sont agiles et peuvent grimper sur les branches et les troncs pour accéder aux fleurs situées en hauteur. Les plantes pollinisées par les Marmosa spp. présentent des traits spécifiques adaptés aux pollinisateurs mammifères nocturnes que nous avons déjà décrits (Les fleurs s’ouvrent principalement la nuit, elles sont généralement grandes et solides, capables de supporter les interactions physiques avec de petits mammifères.

Elles produisent un nectar abondant, elles sont de couleurs neutres, pas besoin d’avoir des couleurs vives pour attirer les pollinisateurs diurnes. Elles dégagent souvent une odeur musquée ou fermentée, attirante pour les mammifères nocturnes). En transportant le pollen entre des plantes distantes, les Marmosa spp. contribuent à la pollinisation croisée, essentielle pour la diversité génétique des populations végétales. Certaines plantes dépendent fortement des mammifères nocturnes pour leur reproduction, car elles ne sont pas visitées par des insectes ou des oiseaux. Ces plantes jouent souvent un rôle clé dans les forêts tropicales, en fournissant des fruits, des graines et des abris à d’autres espèces.

La déforestation dans les zones tropicales réduit les habitats disponibles pour les Marmosa spp. et les plantes qu’elles pollinisent. La fragmentation des forêts peut perturber les interactions entre pollinisateurs nocturnes comme les Marmosa spp. et les plantes qu’ils visitent. La conservation de ces petits mammifères est essentielle pour préserver la biodiversité végétale et les services écologiques des forêts tropicales.

Les Marmosa spp., bien que discrètes et peu connues, jouent un rôle important dans la pollinisation de plusieurs plantes tropicales. Ces opossums souris contribuent à la reproduction et à la diversité génétique des plantes, aidant à maintenir l’équilibre des écosystèmes forestiers. Leur préservation est cruciale pour protéger ces interactions écologiques uniques, en particulier dans les forêts tropicales menacées par les activités humaines.

Le phalanger pygmée du sud-est (Cercartetus concinnus)

Cercartetus concinnus, également connu sous le nom de phalanger pygmée du sud-est ou phalanger pygmée à queue en anneau, est un petit marsupial nocturne originaire d’Australie. Bien que ces animaux soient plus connus pour leur mode de vie arboricole et leur alimentation opportuniste, ils jouent également un rôle dans la pollinisation, ce qui en fait un exemple intéressant de pollinisateur mammalien.

Le cercartetus concinnus vit principalement dans les forêts, les zones arbustives et les milieux boisés d’Australie méridionale. Il est nocturne et possède un régime omnivore, incluant des insectes, du nectar et du pollen. En se nourrissant de nectar et de pollen, ce petit marsupial entre en contact avec les parties reproductrices des fleurs, transportant le pollen d’une fleur à l’autre. Il a donc un rôle de pollinisateur.

Les espèces végétales qu’il pollinise sont souvent des plantes indigènes d’Australie, comme celles des genres Banksia, Eucalyptus, et Callistemon. Les plantes adaptées à la pollinisation par Cercartetus concinnus sont riches en nectar, ont un parfum doux et floral, sont souvent robustes pour supporter le poids des petits marsupiaux et s’épanouissent parfois la nuit, correspondant à l’activité nocturne de l’animal.

Cercartetus concinnus est de petite taille, 10-12 cm de longueur qui lui permet d’accéder à des fleurs délicates, sa langue fine et longue est bien adaptée pour extraire le nectar. Sa fourrure attrape facilement du pollen, qu’il transporte involontairement entre les fleurs. Il montre une préférence pour les fleurs riches en nectar, qui constituent une source d’énergie essentielle dans son régime alimentaire. Les plantes bénéficient de la pollinisation par Cercartetus concinnus, tandis que celui-ci obtient une source d’énergie précieuse. Cela renforce la biodiversité et la résilience des écosystèmes australiens. Bien que les insectes (abeilles, papillons) soient les principaux pollinisateurs dans la région, Cercartetus concinnus joue un rôle complémentaire, en particulier pour les plantes adaptées aux pollinisateurs nocturnes.

Des défis environnementaux, comme la perte d’habitat due à la déforestation, les incendies de brousse et l’urbanisation en Australie menacent les habitats de Cercartetus concinnus et des plantes qu’il pollinise. Le changement climatique et les modifications des cycles de floraison pourraient perturber cette relation mutualiste.

Cercartetus concinnus a une particularité : il entre en état de torpeur (réduction de l’activité métabolique) pour économiser de l’énergie lorsque les ressources alimentaires sont rares. Protéger cet animal contribue non seulement à préserver une espèce unique, mais également les interactions écologiques cruciales qu’il entretient avec les plantes australiennes.

Conclusion

Cercartetus concinnus est un exemple fascinant de marsupial pollinisateur, soulignant l’importance des mammifères dans les réseaux de pollinisation, souvent négligés. La conservation de cet animal et de son habitat est cruciale pour maintenir les écosystèmes indigènes australiens et leurs interactions uniques.

Le possum à miel (Tarsipes rostratus)

Le Tarsipes rostratus, connu sous le nom de honey possum en anglais ou possum à miel, est un petit marsupial endémique d’Australie occidentale, spécialisé dans la pollinisation des plantes à fleurs, en particulier celles des écosystèmes riches en espèces, comme le kwongan. Ce marsupial est un pollinisateur clé, grâce à son régime alimentaire entièrement basé sur le nectar et le pollen.

Le Tarsipes rostratus est un pollinisateur des plantes natives d’Australie, appartenant à plusieurs familles importantes, notamment les protéacées (Proteaceae) ce sont des plantes comme les banksias (Banksia spp.), les grevilleas (Grevillea spp.) et les hakeas (Hakea spp.). Ces plantes sont emblématiques des paysages australiens et produisent de grandes quantités de nectar. Les Myrtacées (Myrtaceae), espèces d’eucalyptus (Eucalyptus spp.) et autres plantes proches. Sont aussi pollinisé par ce marsupial. Leurs fleurs fournissent également du nectar accessible. D’autres plantes nectarifères comme les Anigozanthos spp. (kangaroo paw en anglais) et d’autres fleurs aux caractéristiques adaptées aux pollinisateurs nectarivores.

Le Tarsipes rostratus est un pollinisateur efficace grâce à plusieurs adaptations uniques. Il se nourrit exclusivement de nectar et de pollen, un régime rare parmi les mammifères. Il utilise sa langue allongée et poilue pour lécher le nectar au fond des fleurs tubulaires ou ouvertes. En explorant les fleurs pour se nourrir, le Tarsipes rostratus entre en contact avec les étamines (où se trouve le pollen) et le pistil (organe femelle). Le pollen adhère à son museau, sa langue et sa fourrure. Lorsqu’il visite une autre fleur, il transfère le pollen, assurant ainsi la pollinisation croisée. Bien qu’il soit principalement actif la nuit, le Tarsipes rostratus peut également se nourrir durant la journée, augmentant ses interactions avec les fleurs. Le Tarsipes rostratus est un grimpeur agile, capable d’atteindre les fleurs situées en hauteur ou sur des branches délicates.

Les plantes pollinisées par Tarsipes rostratus font tout pour l’attirer, elles présentent les caractères classiques de la pollinisation par les mammifères. Le nectar est produit en grande quantité pour attirer les Tarsipes rostratus et d’autres nectarivores. Bien que le Tarsipes rostratus soit guidé principalement par l’odeur, certaines fleurs arborent des couleurs vives, comme le rouge ou le jaune. Les fleurs sont souvent bien exposées ou en grappes accessibles pour maximiser les visites. Certaines fleurs ont des structures solides pour supporter les interactions physiques avec les marsupiaux. Le Tarsipes rostratus joue un rôle vital dans l’écosystème australien : Il maintient de la diversité génétique par la pollinisation croisée qui est essentielle pour les plantes natives, en particulier celles des écosystèmes du kwongan, qui dépendent des pollinisateurs pour leur reproduction. En tant que pollinisateur clé, il contribue à la régénération des plantes qui soutiennent d’autres espèces animales et végétales.

Il est un indicateur de la santé des habitats du kwongan, car il dépend de la diversité florale et de la disponibilité de nectar. De son côté, il est adapté à la consommation de nectar, avec une physiologie spécialisée, sa langue est fine, extensible, et dotée de poils en forme de brosse pour récupérer efficacement le nectar. Il a un métabolisme élevé, adapté à son régime nectarivore riche en sucres, avec un poids moyen de 7 à 11 grammes, il est parmi les plus petits marsupiaux d’Australie, facilitant son déplacement dans les fleurs. Son comportement reproducteur est aussi en rapport avec la disponibilité en nectar. Le Tarsipes rostratu est actif toute l’année, mais sa reproduction est étroitement liée à la disponibilité de nectar et de pollen, ce qui reflète la floraison saisonnière des plantes. La perte des écosystèmes du kwongan, en raison de l’agriculture, de l’urbanisation ou des feux de brousse, menace ses populations. Les modifications des régimes de floraison dues au réchauffement climatique peuvent affecter l’approvisionnement en nectar et la survie de cette espèce.

Conclusion

Le Tarsipes rostratus est un pollinisateur spécialisé des écosystèmes du kwongan en Australie occidentale, jouant un rôle vital dans la pollinisation des plantes natives, comme les banksias et les grevilleas. Grâce à ses adaptations uniques et à son régime alimentaire basé exclusivement sur le nectar et le pollen, il est essentiel pour la reproduction et la diversité des plantes locales. Toutefois, les menaces pesant sur son habitat nécessitent des efforts de conservation pour protéger cet incroyable pollinisateur et l’écosystème dont il dépend.

Comme ces marsupiaux vivent dans des endroits très éloignés de l’Europe : l’Amérique du Sud, l’Australie, il est normal que nous n’en ayons jamais entendu parler, mais ils n’en sont pas moins des pollinisateurs importants pour les écosystèmes dans lesquels ils évoluent.

Ces marsupiaux pollinisateurs, bien que peu connus en dehors de leurs régions d’origine, jouent un rôle essentiel pour préserver la biodiversité. Leur conservation est donc indispensable à l’équilibre et à la santé des écosystèmes qu’ils habitent.

Découvrez aussi les précédents articles sur les mammifères pollinisateurs : Les mammifères pollinisateurs (1ère partie) et Les mammifères pollinisateurs (2ème partie).