Nous sommes tous concernés par la biodiversité et pas uniquement parce qu’elle disparaît. Depuis « le Sommet Planète Terre » des Nation Unies à Rio de 1992, une convention sur la conservation de la biodiversité est née. En résumé, la convention engage les pays l’ayant ratifiée à une utilisation durable de la biodiversité et un partage juste et équitable de l’exploitation des ressources.
Les Nations Unies, en 2000 à Carthagène, et à Nagoya en 2010, ont précisé ce qui est relatif aux OGM (transports, cultures…) et ce qui concerne le partage des connaissances génétiques et l’utilisation juste et équitable des avantages que ces connaissances procurent.
L’IPBES (Plateforme Gouvernementale Scientifique et Politique sur la Biodiversité et les Services Systémiques 2010), est aussi une institution découlant des Nations Unies (United Nations Environment Programme). L’IPBES regroupe des chercheurs du monde entier dont les travaux propres, ou synthèses des travaux scientifiques publiés, permettent aux gouvernements des différents états de prendre des décisions politiques relatives à la biodiversité.
Le groupe d’experts scientifiques, avec toute l’institution IPBES (comme le secrétariat, le bureau, les parties prenantes, les observateurs) sont bien sûr en lien avec le reste de la communauté scientifique, les organisations non-gouvernementales, les agences de l’ONU et les communautés indigènes, pour produire des documents utilisables par les différents gouvernements.
Les états, comme la France, qui ont ratifié la convention de Rio ont donc des droits et devoirs envers la Biodiversité. Ils sont aidés dans leurs choix politiques par les publications de l’IPBES pour la biodiversité comme ceux du GIEC pour le climat. Une des actions à mener est l’information : sensibiliser et mobiliser les salariés des entreprises en faveur de la biodiversité. C’est dans ce cadre, que BeePlanète participe à l’effort de sensibilisation et de promotion de la connaissance de la biodiversité.
Qu’est-ce que la biodiversité ?
La définition de la biodiversité, d’après les instances internationales, nationales et scientifiques est la diversité des paysages, qu’ils soient marins ou terrestres, mais c’est aussi la diversité des espèces qui y vivent comme la faune microbienne du sol, les plantes, les herbivores ou les carnivores, pour un écosystème terrestre ; du phytoplancton, du zooplancton, des petits crustacés, des petits poissons, des gros poissons, de gros mammifères marins, … pour les écosystèmes marins.
Mais aussi la diversité au sein même d’une espèce. Par exemple, certains bourdons ont une bande jaune sur leur corps et d’autres 2 bandes jaunes, c’est la partie visible de la biodiversité intraspécifique.
D’autres exemples de variabilité ne se voient pas : chez l’homme il y a plusieurs groupes sanguins, c’est un exemple de biodiversité intraspécifique que l’on ne voit pas mais qui, je pense, parle à tout le monde. Il en existe beaucoup d’autres chez toutes les espèces et dans tous les écosystèmes.
Puisque l’on parle de l’homme, il ne faut pas oublier que nous faisons aussi partie de la biodiversité ! Et toutes les variétés de plantes et d’animaux domestiquées aussi.
Il n’y a donc pas que les animaux mignons, qui nous touchent ou nous émeuvent, comme les mammifères, ou un paysage désertique et une mer poissonneuse, qui font partie de la biodiversité. Il y a aussi les moustiques, les tiques, les araignées, les parasites comme nos vers intestinaux, notre microbiote, celui de notre voisin, ainsi que les fruits et légumes que nous mangeons.
Tous, sont inclus dans la biodiversité.
La biodiversité a de la valeur et pas uniquement de la valeur marchande !
Chaque espèce a le droit de vivre, c’est la valeur intrinsèque de la biodiversité.
Il y a même encore une grande part de cette biodiversité qui n’a pas été découverte par l’homme. Les scientifiques estiment que dans la canopée des forêts tropicales, dans la faune du sol et dans le benthos marin, il existe une grande part de biodiversité méconnue.
Certaines espèces ont des valeurs ajoutées pour nous les hommes. Nous avons vu que ce que nous mangeons est important (toujours suivant la saison et l’endroit où l’on se trouve, évidemment !), mais il y a aussi toutes nos images d’Epinal, comme une cigogne sur un toit alsacien, un ours devant des sommets pyrénéens… C’est la valeur patrimoniale de la biodiversité. Elle n’est pas forcément universelle. On ne sera pas sensibles aux mêmes valeurs patrimoniales des espèces si on est gestionnaire de milieu, en charge d’activités industrielles, en charge d’un parc naturel…
La biodiversité a intrinsèquement une valeur de service, comme pour la fixation du CO2 (=> merci les plantes de l’utiliser et de ne pas le laisser libre dans l’atmosphère), pour le service de filtration de l’eau (=> merci les microorganismes du sol et les plantes aquatiques), le service de pollinisation (=> merci les abeilles au sens large, les mouches, les papillons … enfin tous les pollinisateurs), le service de fixation des sols contre l’érosion (=> merci les buissons, les herbes, les arbres, de lutter pour rester debout contre le vent en gardant le sol entre vos racines… ).
Il y a certainement un côté puéril à « remercier » la biodiversité, mais ce ne sont que des exemples des services rendus par la biodiversité. Cependant, grâce à ces exemples, on se rend compte de la valeur, qu’on imagine aller de soi, mais qui, sans cette biodiversité, demanderait des efforts considérables et un coût inimaginable pour remplacer ces services. Sans compter la perte sèche de de ne plus jamais voir ces espèces sur Terre.
Le fait que plusieurs acteurs interviennent dans la pollinisation, telles que les différentes espèces d’abeilles, de bourdons, mais aussi plusieurs espèces de mouches, des papillons, … donne une fausse impression de sécurité : si une des espèces disparaît, une autre peut s’acquitter du rôle de la disparue et le service de pollinisation continuera de la même manière. C’est possible jusqu’à un certain point… Le but est de ne pas arriver à ce point de rupture ! Les rôles des espèces dans un écosystème supportent de petits ajustements, mais c’est un équilibre fragile à ne pas rompre suivant les espèces et les écosystèmes.
Quelles sont les causes majeures de l’érosion de la biodiversité ?
5 causes majeures ont été identifiées :
– La destruction et la fragmentation des milieux. Ce qui correspond à la déforestation, les monocultures intensives et l’urbanisation.
On comprend bien, à notre échelle, sur la région parisienne, comment agit la fragmentation des milieux. Elle empêche le maintien de la grande faune comme les cerfs élaphes par exemple : de petits massifs forestiers accueillent sans problème une population de chevreuils, mais les cerfs ont besoin de grands massifs.
De la même manière, une grande route nationale est un obstacle infranchissable pour un hérisson. Les populations séparées par la route seront isolées les unes des autres génétiquement, alors qu’elles seront très proches géographiquement.
De grands champs couverts de la même céréale sont un paradis pour les ravageurs de cette culture, mais un désert pour les pollinisateurs, les oiseaux, les mammifères, la microfaune du sol.
Un sol et des édifices artificiels ne sont pas propices à la biodiversité, ils perturbent aussi l’écoulement de l’eau et participent à la fragmentation des habitats.
– L’exploitation directe intensive. La surpêche et la chasse.
Les exemples de surpêches classiques sont le thon rouge et la sardine, et, dans les exemples emblématiques de chasse en Europe, il y a le castor qui a presque disparu de France et qui a totalement disparu du Royaume-Uni et que dire du grand pingouin et du dodo.
– Le changement climatique.
Les espèces qui peuvent se déplacer pourront migrer éventuellement vers un territoire adapté à leurs besoins, mais des espèces peu mobiles auront plus de mal.
Un autre exemple concerne les espèces endémiques (que l’on ne trouve qu’à cet endroit) des îles qui disparaîtront suite à la montée des eaux océaniques.
– La pollution. En milieu urbain, avec les différents arrêtés préfectoraux et municipaux, il est souvent difficile d’utiliser des produits phytosanitaires, mais il n’en va pas de même dans les zones cultivées. Les insectes, comme les abeilles par exemple, boivent. La pollution des eaux est à prendre en compte.
– Les espèces envahissantes.
Si vous nous accompagnez, vous avez pu voir que le frelon à pattes jaunes est typiquement une espèce envahissante. Les abeilles à miel sont impuissantes devant le siège mené par plusieurs individus de Vespa velutina devant la colonie d’abeilles en automne. Les colonies sont parfois tellement harcelées qu’elles en meurent. Il y a 20 ans, l’espèce envahissante arrivée dans la vie des abeilles à miel était le varroa.
Le prochain, qui risque d’être une menace et qui est suivi, est le petit coléoptère de la ruche (Aethyna tumida)…
Les effets synergiques de ces 5 causes peuvent aussi accélérer le processus d’érosion de la biodiversité.
Que peut-on faire ?
Heureusement, il y a des points positifs.
Pour le climat et la biodiversité, on a tous pris conscience de l’importance du tri et du recyclage. On est tous plus responsables avec nos objets du quotidien, avec le recyclage de piles et batteries et du verre grâce à la disponibilité des points de collecte de nos déchets alimentaires et les différentes initiatives de compostage, et de recyclage chez les poules de notre poulailler.
On sait tous que manger local et de saison, avec moins de viande, mais locale et de meilleure qualité, permet de favoriser la biodiversité et de limiter les impacts sur le climat en réduisant le transport, donc l’impact carbone de notre alimentation.
On est tous conscients des inconvénients des bâtiments anciens et du coût de la rénovation pour lutter contre les passoires thermiques, phoniques, mais ces travaux sont nécessaires pour lutter contre l’artificialisation des sols.
On privilégie aussi la mobilité douce, ou la mobilité électrique plutôt que la mobilité à base de pétrole.
On sait tous, si on a un jardin ou un parc autour de notre entreprise, que laisser de la végétation en décomposition, une haie un peu folle, mal taillée, une pelouse inégale n’est pas la mise en valeur de notre coté négligé, mais notre respect pour la biodiversité urbaine, qui permet de donner le gîte et le couvert à de nombreuses espèces, de décomposeurs de bois mort, d’insectes, d’oiseaux et de mammifères.
On peut, comme cela, participer à la trame verte en établissant un îlot propice aux oiseaux qui peuvent se déplacer d’un parc à l’autre par exemple. Mais on peut aussi réaliser un continuum pour lier, par exemple, la haie du parc de l’entreprise voisine, à la nôtre, pour les hérissons, les fouines, les musaraignes… Partout où c’est possible, ne pas hésiter à planter ou juste à laisser la végétation coloniser un espace minéral créé par l’homme.
Nous avons aussi un impact sur la pollution lumineuse, bien sûr que la sécurité prime et qu’il faut éviter les accidents, mais la lumière peut être éteinte à l’extérieur, lorsqu’il n’y a personne. Des détecteurs de mouvements peuvent être installés, ou bien la lumière peut être éteinte complètement passée une certaine heure. Les chauves-souris et les papillons de nuit nous en seront reconnaissants (en plus des économies d’énergie et d’argent). Ce sera notre participation à la trame noire.
La trame bleue concerne l’eau, alors n’hésitez pas si vous avez la possibilité d’avoir une mare. Les insectes aquatiques, les tritons, grenouilles et amphibiens en général, pourront y vivre, mais toute la faune autour pourra y boire.
En conclusion
A notre échelle, on ne va pas trouver de solution miracle, mais toutes nos initiatives et tentatives sont les bienvenues.
Beeplanète vous propose d’augmenter vos connaissances sur la biodiversité urbaine autour de votre entreprise, autour de vos abeilles, autour de vos locaux. Lorsqu’on connaît mieux, on protège mieux ! Continuons dans cette voie et si possible accélérons dans tous nos petits gestes du quotidien. Le miel de vos abeilles est un bon exemple de produits locaux de consommation courante.
Le fait d’avoir des abeilles nous sensibilise aux besoins des pollinisateurs, aux insectes en général. Nous sommes prêts pour dérouler notre plan d’action pour la biodiversité dans votre entreprise.
Pour en savoir plus :
Office français pour la Biodiversité
UICN Union Internationale pour la Conservation de la Nature (ici le comité français, mais c’est un exemple.)