Les abeilles, qu’elles soient des abeilles à miel, des abeilles solitaires ou des bourdons, évoluent avec une variété d’espèces de prédateurs, de parasites ou de commensaux qui peuvent inclure des insectes, d’autres arthropodes, et même des vertébrés comme des oiseaux et anecdotiquement des mammifères.

Ce sont des animaux qui font partie de l’écosystème dans lequel vivent les abeilles au sens large. De façon naturelle, il y a des interactions entre les abeilles et leurs prédateurs. Ces interactions sont équilibrées, les générations d’abeilles, de parasites et de prédateurs se succèdent.

Les insectes :

  • chez les Diptères, on peut commencer par les mouches rapaces de la famille des Asilidae, ce sont des mouches volantes rapidement, des chasseurs expérimentés, qui attrapent et consomment d’autres insectes volants, y compris les abeilles.
  • parmi les Hétéroptères, certaines punaises, de la famille des Reduviidae par exemple, appelées parfois punaises assassines sont connues pour s’attaquer aux abeilles. Elles utilisent leurs fortes pattes avant pour les attraper et les maîtriser. Elles peuvent les piquer avec leur rostre et potentiellement injecter du venin, un peu douloureux pour l’homme, mais pas plus, si jamais elles nous piquent quand on les manipule.
  • certains Hyménoptères, comme les frelons ou les guêpes de la famille des Vespidae ou le philanthe apivore de la famille des Sphecidae s’en prennent aux abeilles.

Le frelon européen est un bon mangeur d’abeilles. Il vit en colonie et peut exercer une forte pression sur les colonies en fin de saison de juillet à septembre – octobre, jusqu’à ce que les températures chutent et que les colonies périclitent.

Les guêpes s’attaquent aussi aux mâles d’abeilles lorsqu’ils traînent devant les ruches ainsi qu’aux ouvrières en fin de vie.

Sous nos latitudes, les fourmis semblent plutôt être des commensales que des prédatrices des abeilles. Elles aiment occuper le toit de la ruche, la température doit y être idéale pour leur développement. Elles ne sont pas en contact avec la colonie proprement dite, car elles sont séparées par le couvre cadre que l’on pose sur le corps de la ruche.

Il semble que les fourmis des zones tropicales puissent interagir plus, en chapardant des œufs et du miel aux colonies d’abeilles.

Le cas spécifique des abeilles coucous :

D’autres Hyménoptères, comme les abeilles coucous sont des parasites surtout des abeilles solitaires ou des bourdons. Les colonies d’abeilles à miel sont plus impactées par les frelons que par les abeilles coucous.

Les abeilles coucous, également connues sous le nom d’abeilles kleptoparasitiques, sont un groupe d’abeilles qui présentent un mode de vie parasitaire. Ils pondent leurs œufs dans les nids d’autres espèces d’abeilles, notamment les bourdons « bourdons coucous » sont appelés psithyres.

Le degré de parasitisme varie selon les différentes espèces de coucous et peut aller de léger à intense.

Voici quelques catégories générales qui décrivent le degré de parasitisme présenté par les abeilles coucous et les bourdons :

Le parasitisme facultatif est un des plus légers. Certaines abeilles coucous sont des parasites facultatifs. Cela signifie qu’ils ont la capacité de rechercher leurs propres ressources et de construire leurs propres nids. Cependant, elles peuvent également profiter des nids d’autres espèces d’abeilles lorsque l’occasion se présente.

Dans ce cas, l’abeille coucou n’est pas entièrement dépendante du parasitisme et peut présenter un mélange de comportements, notamment la recherche de pollen et de nectar.

Mais, pour certaines espèces de psithyre, le parasitisme doit être obligatoire. Cela signifie qu’ils dépendent entièrement du parasitisme pour leur reproduction et ne construisent pas leurs propres nids ni ne collectent de nourriture pour leur progéniture. Les abeilles coucous obligatoires pondent généralement leurs œufs dans les nids d’espèces d’abeilles hôtes spécifiques, telles que les bourdons, et leurs larves consomment les provisions de pollen et de nectar de l’hôte. Les abeilles coucous se livrent au parasitisme du couvain par exemple, où la femelle coucou envahit le nid d’un bourdon et pond ses œufs dans les cellules du nid à côté ou à la place des œufs de l’hôte.

Les larves du coucou éclosent en premier et consomment les provisions laissées par le bourdon pour sa propre progéniture. Dans certains cas, les larves de coucou peuvent également éliminer les œufs ou les larves de l’hôte. Les abeilles coucous peuvent même présenter un comportement agressif lorsqu’elles pénètrent dans le nid hôte. Ils peuvent utiliser leurs mandibules pour déplacer ou éliminer les œufs ou les larves de l’hôte.

Dans certains cas, les abeilles coucous peuvent être capables d’imiter les phéromones de l’abeille hôte pour éviter d’être détectées et agressées.

Le degré de parasitisme varie non seulement entre les espèces de coucous, mais également au sein des espèces. Différentes populations ou individus de la même espèce peuvent présenter différents degrés de parasitisme en fonction des conditions environnementales, de la disponibilité des ressources et d’autres facteurs.

Dans l’ensemble, les abeilles coucous ont développé toute une gamme de stratégies pour exploiter le comportement d’approvisionnement en nids d’autres abeilles, en particulier les bourdons, pour leur propre succès reproducteur.

Autres arthropodes :

Des arthropodes autres que les insectes, comme les araignées orbitèles (famille des Araneidae), vous connaissez tous l’épeire diadème c’est sûr ! Ces araignées créent des toiles en forme de spirale circulaire pour attraper les insectes volants, et les abeilles peuvent être prises au piège lorsqu’elles butinent.

D’autres araignées comme certaines espèces d’araignées crabes sont des prédateurs embusqués qui attendent que les abeilles s’approchent des fleurs avant de les capturer. Elles sont souvent mimétiques, de la même couleur que la fleur sur laquelle elles attendent à l’affût.

Les oiseaux :

Des oiseaux, comme les pics verts (Picidae) percent le bois des ruches et mangent les larves d’abeilles comme ils mangent les fourmis et larves de fourmis qu’ils trouvent dans les nids au sol. Ils attaquent le bois là où il est le plus mince, aux encoches creusées pour servir de poignées.

La bondrée apivore (Accipitridae) est capable de déterrer des nids de bourdons au sol et de les manger.

Les guêpiers d’Europe (Meropidae), sont des oiseaux très colorés qui passent l’hiver en Afrique car ils sont insectivores. Comme leur nom l’indique ils se nourrissent d’hyménoptères, dont les abeilles à miel, mais pas uniquement.

D’autres oiseaux insectivores migrateurs comme les martinets noirs (Apodidae) se nourrissent d’abeilles à miel. Ils volent très haut et peuvent donc manger beaucoup de faux-bourdons regroupés dans les congrégations de mâles.

Les mammifères :

Les mammifères, tels que les ours et blaireaux peuvent manger des abeilles.
Vous le savez, en région parisienne, les ours sont peu nombreux et les colonies d’abeilles et de bourdons ne seront jamais importunées par les Ursidae en quête de larves ou de miel.
Cependant, en Europe de l’Est, des clôtures électriques autour des ruchers permettent une cohabitation sereine.

Les blaireaux (Mustelidae) ne font pas de dégâts sur les ruches en bois, mais les ratels africains sont capables, comme les blaireaux européens, de déterrer des colonies d’hyménoptères nichant au sol.

Certains lézards, comme le lézard des murailles (Lacertidae), peuvent consommer différentes espèces d’abeilles, en particulier lorsqu’elles butinent dans la végétation et qu’ils sont à l’affût.

Les animaux domestiques, les poules par exemple, consomment quelques abeilles, mais également des frelons, des guêpes et d’autres insectes.
De façon anecdotique, on a tous vu un chien avec la babine gonflée. Parfois les chiens mangent une abeille lorsqu’ils sont jeunes puis cessent rapidement à cause de la piqûre occasionnée.

Les poux et larves parasite :

Les abeilles à miel et les bourdons ont aussi des espèces de poux, les Braula. Ce ne sont pas vraiment des parasites, ils sont plutôt commensaux, ils profitent de l’abri de la colonie, mangent les restes laissés par les colonies comme le pollen et le miel. Ils se promènent sur le dos des abeilles et des bourdons et les obligent à porter un poids un peu plus lourd que le leur.

Les larves triungulins sont un type de larves spécialisées et actives, qui appartiennent à la famille des Meloidae, également connues sous le nom de méloé. Ces larves parasitent les abeilles solitaires comme les Andrènes et les Megachiles et certains autres hyménoptères, comme les guêpes. Les larves triungulins sont généralement allongées et ont une apparence unique avec des tarses à trois segments à l’extrémité de chaque patte. Ils ont souvent une structure spécialisée en forme de crochet sur leur abdomen, qui les aide à s’attacher au corps de leurs abeilles hôtes.

Ils ont un cycle de vie parasitaire. Les coléoptères femelles pondent des œufs sur les fleurs et les larves triungulins éclosent de ces œufs. Les larves attendent sur les fleurs le passage d’une abeille ou d’une guêpe. Lorsqu’une abeille ou une guêpe hôte appropriée visite une fleur, les larves triungulins s’accrochent à l’hôte.

Ils retournent ensuite au nid de l’hôte en stop. Une fois à l’intérieur du nid, la larve triungulin parasite les œufs, les larves ou les provisions stockées de l’hôte. Elle peut se nourrir des provisions de l’abeille hôte ou même consommer l’œuf ou la larve de l’hôte. Après avoir terminé sa phase parasitaire, la larve triungulin se transforme en pupe et, finalement, un coléoptère méloé adulte émerge. Les abeilles hôtes peuvent être des espèces solitaires, car les larves triungulins ciblent souvent les nids d’abeilles solitaires.

Ce n’est pas un résumé exhaustif des prédateurs et parasites des abeilles au sens large, mais un aperçu qui montre une partie des interactions entre les abeilles et d’autres animaux qui cohabitent avec elles.

Frelon asiatique et Varroa :

Il faut ajouter en prédateur, le frelon asiatique et en parasite le varroa ; ces 2 espèces font partie de la catégorie des espèces envahissantes. Les espèces envahissantes sont une des 5 causes majeures de la crise de la biodiversité.

  • Le frelon asiatique ou frelon à pattes jaunes, scientifiquement connu sous le nom de Vespa velutina, est une espèce envahissante qui suscite des inquiétudes dans diverses régions du monde. Vespa velutina est originaire d’Asie du Sud-Est, et son introduction et sa propagation dans d’autres régions ont soulevé des problèmes écologiques et économiques. Le frelon à pattes jaune est originaire d’Asie du Sud-Est, en particulier de pays comme la Chine, l’Indonésie et le Vietnam. Il a été introduit accidentellement en France en 2004, probablement par l’importation de marchandises ou de plantes. Depuis, elle s’est répandue dans plusieurs pays européens.
    Les frelons asiatiques sont connus pour être des prédateurs agressifs des abeilles. Ils planent près des ruches et capturent les abeilles butineuses en vol. Ils ont donc un fort impact écologique. Ils peuvent décimer les colonies d’abeilles à miel, entraînant des pertes économiques potentielles pour les apiculteurs et des impacts négatifs sur les services de pollinisation.

En plus des abeilles à miel, les frelons asiatiques se nourrissent également d’autres insectes, notamment d’autres espèces d’abeilles, de guêpes et de mouches.
Ils sont connus pour leur comportement de chasse et peuvent capturer un grand nombre d’insectes butineurs pour nourrir leurs colonies.

Les frelons asiatiques construisent de grands nids aériens dans les arbres, contrairement à ceux des frelons européens qui sont abrités non pas uniquement par des feuilles, mais dans des troncs, des murs ou autres types de cavernes. Les nids des frelons à pattes jaunes sont souvent à la cime des arbres, uniquement abrités par les frondaisons. Ils sont souvent bien visibles l’hiver lorsque les feuilles sont tombées. Les colonies peuvent atteindre des tailles importantes et les frelons deviennent plus agressifs à proximité de leurs nids, ils peuvent donc représenter une menace pour les humains et les animaux si l’on s’en approche. Les efforts visant à contrôler et à gérer les populations de frelon à pattes jaunes impliquent une combinaison d’approches, notamment la destruction des nids, le piégeage et les campagnes de sensibilisation du public. Des pièges sont souvent installés pour capturer les frelons en quête de nourriture, et le retrait des nids est effectué pour empêcher une reproduction ultérieure.

La sensibilisation du public et les rapports sont essentiels pour une détection précoce et une réponse rapide afin de contenir la propagation des frelons asiatiques. Les autorités encouragent souvent les citoyens à signaler les observations et les nids pour faciliter les mesures de contrôle. La propagation du frelon à pattes jaunes au-delà de son aire de répartition d’origine met en évidence les défis posés par les espèces envahissantes et la nécessité de mesures efficaces de surveillance, de contrôle et de prévention pour atténuer leur impact sur les écosystèmes locaux. Des efforts de gestion sont en cours dans les régions touchées pour faire face aux conséquences écologiques et économiques de l’invasion du frelon asiatique. Pour le moment, les résultats ne sont pas au rendez-vous…

  • Les acariens Varroa (Varroa destructor) constituent avant tout un problème pour les abeilles à miel (Apis mellifera) et n’infestent pas de la même manière les abeilles solitaires ou les bourdons. Le cycle de vie des acariens Varroa est étroitement lié au comportement d’élevage des abeilles, ce qui rend les colonies d’abeilles à miel très sensibles aux infestations. Les abeilles solitaires, qui comprennent de nombreuses espèces, ne présentent pas la même structure sociale et les mêmes comportements d’élevage du couvain que les abeilles domestiques.

Les abeilles solitaires construisent généralement des nids individuels, chaque femelle étant responsable de l’approvisionnement et de la ponte dans ses propres cellules de nidification. Le cycle de vie des varroas, qui implique la reproduction dans les cellules scellées du couvain des abeilles à miel, n’est pas compatible avec le comportement des abeilles solitaires.

Bien que les varroas n’infestent pas les bourdons de la même manière que les abeilles domestiques, certaines études ont rapporté la présence de varroa sur les bourdons sans effets négatifs apparents.

Contrairement aux abeilles, les colonies de bourdons ont une structure et un cycle de vie différents. Elles ne sont pas aussi sensibles aux infestations de varroa que les abeilles à miel.

Cependant, la présence varroa sur les bourdons soulève des inquiétudes quant au potentiel de transmission des acariens entre les abeilles et les bourdons et aux impacts potentiels sur la santé des bourdons. Il est essentiel de noter que même si les varroas ne représentent pas la même menace directe pour les abeilles solitaires ou les bourdons, ces populations d’abeilles sont confrontées à d’autres menaces, notamment la perte d’habitat, l’exposition aux pesticides et les maladies. Les efforts de conservation de toutes les espèces d’abeilles, y compris les abeilles solitaires et les bourdons indigènes, sont essentiels pour garantir leur santé et leur bien-être face aux divers défis.