Les oiseaux indicateurs, membres de la famille des Indicatoridae, intriguent par leurs comportements uniques et leur rôle dans les écosystèmes. Ces petits oiseaux, répartis principalement en Afrique subsaharienne et en Asie tropicale, sont célèbres pour leur capacité à guider humains et mammifères vers des colonies d’abeilles sauvages. Leur biologie, leurs interactions et leur parasitisme de couvée font d’eux un sujet captivant pour les amateurs de nature et les scientifiques. Explorons les caractéristiques et les comportements qui font de ces oiseaux une curiosité naturelle.
Comment les décrire ? Combien y a-t-il d’espèces ?
Les oiseaux indicateurs, principalement représentés par les espèces du genre Indicator, sont des oiseaux fascinants connus pour leur comportement unique d’interactions avec les humains ou d’autres mammifères pour les guider vers des sources de nourriture, comme des colonies d’abeilles.
Les oiseaux indicateurs (famille des Indicatoridae) comptent 17 à 19 espèces selon les classifications, réparties en deux genres principaux.
Le genre principal du groupe Indicator comprend des espèces africaines et asiatiques, Prodotiscus est un autre genre, également africain, incluant les indicateurs à bec fin. Ils appartiennent à la famille des indicatoridés (Indicatoridae), à l’ordre des Piciformes, comme les pics. Ils sont généralement petits, mesurant entre 10 et 20 cm de longueur. Ils ont un plumage discret, avec des couleurs souvent grises, brunes ou jaunâtres. Ils se trouvent principalement en Afrique subsaharienne et en Asie tropicale. La majorité des espèces se trouvent en Afrique subsaharienne, dans des habitats variés comme les savanes, les forêts tropicales et les zones boisées. Deux espèces, l’Indicateur malais (Indicator archipelagicus) et l’Indicateur à gorge rouge (Indicator xanthonotus), sont présentes dans le sud-est asiatique. Il existe un dimorphisme sexuel chez certaines espèces d’oiseaux du genre Indicator, bien que ce dimorphisme ne soit pas aussi marqué que chez d’autres espèces. Le dimorphisme sexuel se réfère aux différences physiques observables entre les mâles et les femelles d’une même espèce, comme la taille, les couleurs ou la structure corporelle. Dans certaines espèces, l’Indicateur jaune par exemple (Indicator indicator), les mâles ont des couleurs plus vives et plus éclatantes que les femelles, ce qui est souvent le cas chez les oiseaux où les mâles sont plus visibles pour attirer les femelles pendant la saison de reproduction. Le plumage du mâle peut être plus lumineux et plus distinctif, comme c’est le cas chez de nombreuses espèces d’oiseaux où les couleurs servent à signaler la qualité génétique ou la capacité de reproduction. Le dimorphisme sexuel chez les indicateurs, comme chez d’autres espèces d’oiseaux, est souvent lié à la sélection sexuelle. Les mâles au plumage plus brillant ou plus distinctif peuvent être perçus comme plus sains, plus forts ou plus aptes à défendre un territoire, ce qui les rend plus attrayants pour les femelles. Cependant, ce dimorphisme est relativement modéré chez les indicateurs comparé à d’autres groupes d’oiseaux. Chez certaines espèces, il existe aussi une différence de taille, les mâles étant légèrement plus grands ou plus robustes que les femelles, bien que cette différence soit souvent discrète et difficile à observer à l’œil nu.
Voici les 3 espèces les plus emblématiques :
Indicator indicator (Indicateur), célèbre pour son interaction avec les humains.
Indicator variegatus (Indicateur varié), présent dans les forêts africaines.
Indicator minor (Petit indicateur), actif dans les savanes africaines.
Indicator indicator (l’Indicateur ou guide à miel)il est très largement répandu en Afrique subsaharienne, du Sénégal et de la Gambie à l’ouest, jusqu’à l’Éthiopie, la Somalie, et le Kenya à l’est. Vers le sud, on le trouve jusqu’en Afrique du Sud. Il habite les savanes boisées, zones de brousse, et forêts ouvertes. Il préfère les régions où les abeilles sauvages sont abondantes. C’est l’espèce la plus célèbre pour son comportement de guidage des humains et des ratels vers les colonies d’abeille à miel.
Indicator minor, le Petit indicateur est présent dans une grande partie de l’Afrique subsaharienne, mais moins étendu que Indicator indicator. On le trouve notamment en Afrique de l’Ouest (de la Guinée au Cameroun), en Afrique centrale (République démocratique du Congo), et en Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie). Plus rare dans le sud du continent. Il habite les zones boisées et savanes, mais il est souvent observé dans des régions légèrement plus denses en végétation que Indicator indicator.
Il est moins souvent associé au comportement de guidage, bien que ce soit observé ponctuellement.
Indicator variegatus (l’Indicateur varié). Chacune de ces espèces occupe une aire géographique et des habitats spécifiques en Afrique subsaharienne. Il est principalement en Afrique orientale et australe, du sud de l’Éthiopie et du Kenya jusqu’au Zimbabwe, au Mozambique et à l’Afrique du Sud. Il habite les forêts ouvertes, savanes boisées, et régions humides légèrement boisées. Il préfère les habitats proches des cours d’eau ou des zones riches en fleurs, où les abeilles sauvages sont actives. Mais cette espèce est souvent plus discrète et moins étudiée que les deux autres.
Si on synthétise, Indicator indicator a une répartition large, couvrant la majeure partie de l’Afrique subsaharienne. Indicator minor est présent dans des régions similaires, mais moins au sud et
Indicator variegatus est cantonné dans une aire plus restreinte à l’Afrique orientale et australe.
Ces espèces vivent souvent dans des zones où les abeilles sauvages prospèrent, ce qui est crucial pour leur survie et leur comportement alimentaire. Leur comportement de guidage est cependant le plus marqué chez Indicator indicator.
Quelles sont les caractéristiques du comportement des indicateurs ?
Bien que ce ne soit pas une différence physique, le comportement des mâles est souvent plus manifeste, surtout pendant la période de reproduction. Les mâles des indicateurs peuvent être plus actifs et avoir un chant plus prononcé pour attirer l’attention des femelles. Tous les oiseaux indicateurs sont connus pour leur parasitisme de couvée (ponte d’œufs dans les nids d’autres espèces). Certaines espèces d’Afrique ont une relation mutualiste unique avec les humains et certains mammifères, aidant à localiser les nids d’abeilles sauvages, c’est le comportement d’indication. Les oiseaux indicateurs sont célèbres pour leur capacité à guider.
Les humains : certaines espèces, comme l’Indicator indicator (l’indicateur), appellent les humains par des cris caractéristiques et les conduisent jusqu’à une colonie d’abeilles sauvages.
Ils peuvent également guider des animaux comme les ratels vers les colonies. Après que l’humain ou l’animal a brisé la structure de la colonie pour récolter le miel, l’oiseau se nourrit des restes, notamment des larves, de la cire ou des morceaux de miel non récoltés. Ils ont développé une capacité unique à digérer la cire d’abeille, une nourriture difficilement consommable pour la plupart des animaux.
Pourquoi ce comportement mutualiste et cette capacité de communication ?
L’oiseau obtient un accès facilité à des ressources alimentaires difficiles à atteindre seul. Les cris spécifiques et le comportement de guidage ont évolué pour attirer l’attention des humains ou des mammifères. Une des réponses peut être l’alimentation des oiseaux indicateurs. Ils ne se nourrissent pas seulement de miel, leur régime alimentaire comprend des larves d’abeilles et de la cire d’abeille (l’un des rares animaux capables de la digérer, grâce à des bactéries spécifiques dans leur intestin).
Mais aussi d’autres insectes et fruits à l’occasion.
La valeur culturelle est sans appel, dans certaines cultures africaines, les oiseaux indicateurs sont considérés comme des alliés précieux des chasseurs de miel. Des chants ou des croyances leur sont parfois associés. Le rôle de ses interactions est aussi écologique : en facilitant l’accès aux ruches, ils participent indirectement à la dispersion des ressources alimentaires dans l’écosystème.
Un autre point intéressant des indicateurs : ce sont des oiseaux coucou, ils pratiquent un parasitisme de couvée. Les oiseaux indicateurs ne construisent pas de nids. Ils pondent leurs œufs dans les nids d’autres oiseaux, souvent des barbicans (Lybiidae) ou des martins-chasseurs. Les poussins indicateurs éclosent rapidement et éliminent les œufs ou les jeunes de l’hôte pour monopoliser la nourriture. Les Barbicans sont les hôtes principaux des indicateurs. Ces oiseaux nichent dans des cavités où les indicateurs déposent leurs œufs. Les martins-pêcheurs arboricoles (Halcyonidae) sont des hôtes moins fréquents, mais également ciblés ainsi que les Picidés (pics) qui sont parfois parasités, bien que plus rarement. Quelle que soit l’espèce parasitée, les parents indicateurs délèguent la tâche de nourrir leurs petits à des hôtes.
Comme tous les petits oiseaux, les indicateurs sont exposés à des prédateurs naturels, qui s’attaquent aux adultes ou aux poussins. Il peut s’agir de serpents arboricoles tels que le mamba vert ou les vipères des arbres s’attaquent aux oiseaux adultes et aux jeunes dans les nids. Les petits rapaces comme les éperviers africains (Accipiter spp.) et les faucons consomment des indicateurs. Enfin des mangoustes et des genettes, ces petits carnivores, souvent arboricoles, peuvent piller les nids des indicateurs (ou plus exactement des hôtes des indicateurs !) ou attraper les adultes.
Quels sont les humains qui participent à ces interactions ?
Les interactions entre les oiseaux indicateurs (Indicatoridae) et les populations humaines sont bien documentées, principalement en Afrique. Ces relations sont le fruit d’une coévolution où les humains tirent parti du guidage des oiseaux pour trouver des colonies d’abeilles à miel sauvages et récolter du miel. On peut citer : les Hadza qui sont un peuple de chasseurs-cueilleurs de la vallée du Rift en Tanzanie. Les Hadza suivent les cris spécifiques des indicateurs pour localiser des colonies d’abeilles sauvages. Une fois la ruche ou la cache cavernicole des abeilles trouvée, ils la cassent pour collecter le miel, laissant des restes (cire, larves) pour l’oiseau. Cette interaction est particulièrement marquée et a fait l’objet de nombreuses études anthropologiques. Les Borana vivent en Éthiopie et Kenya, sont principalement des pasteurs semi-nomades vivant en Afrique de l’Est. Ils utilisent activement les oiseaux indicateurs pour localiser le miel sauvage dans les régions arides et boisées. Les Borana ont même des mots spécifiques dans leur langue pour désigner le comportement de guidage des oiseaux. Au Mozambique, au Malawi, et en Tanzanie, les Yao pratiquent l’agriculture et la chasse, incluant la récolte de miel sauvage. Ils suivent les indicateurs pour trouver des colonies d’abeilles à miel sauvages. Une étude publiée dans Science (2020) a révélé que les Yao utilisent des chants traditionnels spécifiques pour appeler les oiseaux indicateurs, renforçant leur coopération avec eux. Les Maasai du Kenya et de Tanzanie, certainement la plus célèbre des ethnies qui interagie avec les indicateurs, sont des pasteurs semi-nomades qui récoltent également du miel sauvage. Ils reconnaissent les cris des indicateurs et suivent leur guidage pour accéder aux abeilles. Les peuples San d’Afrique australe ont aussi une relation avec les indicateurs, ils sont également connus sous le nom de Bushmen. Ce sont des chasseurs-cueilleurs des régions désertiques et semi-désertiques, comme le Kalahari. Les San suivent les oiseaux indicateurs pour trouver des colonies d’abeilles sauvages dans des environnements arides où le miel est une ressource précieuse. Enfin, on peut aussi citer les Bayaka de République Centrafricaine et Congo qui sont un peuple de la forêt tropicale, spécialisés dans la chasse et la cueillette. Bien qu’ils soient plus souvent associés à la récolte du miel directement dans les arbres, ils sont également connus pour reconnaître et suivre les oiseaux indicateurs.
Les interactions entre les humains et les indicateurs se concentrent principalement en Afrique subsaharienne, notamment parmi les peuples de chasseurs-cueilleurs ou semi-nomades. Ces relations montrent une remarquable coopération entre l’homme et un oiseau sauvage, illustrant une relation mutualiste unique dans la nature. Dans beaucoup de ces sociétés, l’interaction avec les oiseaux indicateurs dépasse le simple aspect pratique. Ces oiseaux sont parfois intégrés dans des croyances, mythes, ou chansons. Par exemple, chez les Yao, les chants utilisés pour appeler les indicateurs sont transmis de génération en génération, symbolisant une coévolution culturelle.
A part les humains, qui interagie avec les indicateurs ?
Les oiseaux indicateurs (Indicatoridae) ont des interactions complexes avec divers animaux autres que les humains, qui peuvent être mutualistes, parasitaires, ou de prédation.
Certaines espèces d’oiseaux indicateurs guident, non seulement les humains, mais aussi des mammifères vers les ruches sauvages. Ces interactions sont mutualistes : l’oiseau aide l’animal à trouver la ruche et profite ensuite des restes.
Un cas de mutualisme est très bien documenté entre les indicateurs et les Ratels (Mellivora capensis). Les indicateurs appellent les ratels, qui suivent leur guidage jusqu’aux colonies d’abeilles cachées. Une fois la ruche ouverte par le ratel, l’oiseau consomme les larves, la cire et le miel restants. Cette relation est particulièrement étudiée en Afrique australe. Bien qu’il n’y ait pas autant de preuves que pour les ratels, certaines observations suggèrent que des mangoustes pourraient également bénéficier du guidage des indicateurs.
Et bien sûr, les indicateurs dépendent directement des abeilles sauvages pour leur alimentation. Une sous-espèce des abeilles à miel africaines (Apis mellifera scutellata), les indicateurs se nourrissent de leurs larves, de cire et du miel qu’elles ont récolté. Ils ne participent pas directement à la destruction des colonies, mais leur survie dépend des abeilles.
Les colonies mises au jour, ouvertes, par des humains ou des ratels attirent souvent d’autres animaux opportunistes, qui ne collaborent pas directement avec les indicateurs mais profitent des ressources, comme des oiseaux nécrophages ou omnivores, par exemple certains corvidés ou étourneaux peuvent se nourrir des restes d’une ruche pillée. Ou encore des chacals ou des hyènes peuvent consommer les restes de miel laissés au sol. Les oiseaux indicateurs interagissent avec une diversité d’animaux.
Mutualisme avec les ratels et, possiblement, les mangoustes pour trouver du miel.
Parasitisme de couvée sur des oiseaux comme les barbicans et les martins-pêcheurs arboricoles.
Prédation par des serpents, rapaces, et des petits carnivores comme les mangoustes. Ces interactions montrent l’intégration complexe des indicateurs dans les écosystèmes africains ! Les oiseaux indicateurs représentent une merveilleuse illustration des interactions entre espèces dans la nature, combinant mutualisme et parasitisme dans un équilibre fascinant !