En français, on désigne souvent sous le nom vernaculaire d’abeille charpentière, 2 espèces de Xylocope : Xylocopa violacea et Xylocopa valga. (Il existe d’autres espèces de Xylocope dans le sud de la France et de l’Europe comme Xylocopa iris, X. Cantabrita, …). Ces abeilles font parties de nos plus gros insectes. Elles émettent, en volant, un gros bourdonnement sourd qui inquiète certain, elles sont pourtant dénuées d’agressivité. Les anglo-saxons englobent aussi de plus petites espèces sous le nom de «carpenter bees ».

Les abeilles charpentières sont un groupe d’abeilles solitaires connues pour leur habitude de creuser le bois pour créer des nids. Elles appartiennent à la sous-famille des Xylocopinae et les genres les plus couramment rencontrés sont Xylocopa (grandes abeilles charpentières) et Ceratina (petites abeilles charpentières). Voici un aperçu de leurs caractéristiques, de leur comportement et de leur rôle écologique :

Grandes abeilles charpentières (Xylocopa) : Ces abeilles sont de taille similaire aux bourdons, allant généralement de 12 à 25 mm de longueur. Elles ont souvent un abdomen brillant et glabre, ce qui les distingue de l’apparence floue des bourdons. Leur coloration peut varier, de nombreuses espèces ayant un corps bleu métallique, vert ou noir.

Petites abeilles charpentières (Ceratina) : Ces abeilles sont beaucoup plus petites, mesurant généralement environ 6 à 8 mm de long. Elles sont souvent sombres avec un éclat métallique et ont une apparence plus élancée que les espèces plus grandes. En français, celles-ci sont rarement incluses dans le terme « abeille charpentière ».

Où peut-on trouver les abeilles charpentières ?

Les abeilles charpentières ont une large distribution et peuvent être trouvées dans diverses régions du monde.

On les trouve en France bien sûr ! Mais aussi dans le reste de l’Europe, les abeilles charpentières se trouvent principalement dans les régions du sud et du centre, notamment dans des pays comme l’Espagne et l’Italie. Leur présence dans le nord de l’Europe est moins courante en raison du climat plus frais.

On les trouve en Amérique, du nord, du sud et centrale : États-Unis et Canada. Les abeilles charpentières sont largement réparties aux États-Unis, de la côte Est à la côte Ouest, et dans le sud du Canada. Elles sont particulièrement répandues dans le sud-est des États-Unis. On les trouve également dans tout le Mexique. Elles sont présentes dans de nombreux pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, s’adaptant à divers climats et habitats.

Les abeilles charpentières sont répandues dans toute l’Afrique, avec diverses espèces adaptées à différentes zones écologiques, des forêts tropicales humides aux savanes. On les trouve dans toute l’Asie, notamment en Inde, en Chine, au Japon et dans les pays d’Asie du Sud-Est. Elles prospèrent dans les régions tempérées et tropicales. De plus, plusieurs espèces d’abeilles charpentières sont originaires d’Australie, où elles se trouvent dans divers habitats, notamment les forêts, les zones boisées et les zones urbaines. Elles sont également présentes dans d’autres régions d’Océanie, notamment en Nouvelle-Guinée et dans diverses îles du Pacifique.

Quels sont leurs habitats de prédilection ?

Les abeilles charpentières préfèrent les environnements où elles peuvent facilement trouver du bois pour nidifier, comme les forêts, les zones boisées et les zones comportant de nombreux arbres morts ou des structures en bois. Mais elles sont aussi commensales, car nous, êtres humains, nous utilisons le bois pour nos constructions, notre chauffage… On les trouve souvent dans les structures artificielles, notamment les maisons, les clôtures, les terrasses et les granges, en particulier là où le bois non traité ou altéré est accessible. Dans les régions agricoles, ils contribuent à la pollinisation des cultures et se trouvent souvent dans les vergers, les jardins et les champs.

Dans les régions tempérées, les abeilles charpentières sont actives pendant les mois les plus chauds et hibernent ou entrent en dormance pendant l’hiver. Dans les régions tropicales, ils peuvent être actifs toute l’année, compte tenu de la disponibilité constante des ressources et des conditions météorologiques favorables. Certaines espèces se sont adaptées aux environnements arides, où elles recherchent des sites de nidification appropriés dans des structures en bois ou des plantes du désert.

En résumé, les abeilles charpentières sont largement réparties dans le monde entier, avec différentes espèces adaptées à une variété de climats et d’habitats. Leur capacité à nicher dans une gamme de substrats en bois leur permet de prospérer dans des environnements naturels et modifiés par l’homme.

À quoi ressemblent les abeilles charpentières ?

Les mâles et les femelles se distinguent souvent par leur comportement et parfois par leurs caractéristiques physiques.
Chez certaines espèces, les mâles peuvent avoir des marques plus claires ou des antennes différentes par rapport aux femelles. En effet le mâle de Xylocopa violacea est reconnaissable à une petite courbe orange présente presque à l’extrémité de ses antennes. Du point de vue du comportement, les abeilles charpentières doivent leur nom à leur comportement de nidification. Les abeilles charpentières creusent des tunnels dans le bois pour y pondre leurs œufs. Ils préfèrent le bois non traité et patiné et se trouvent couramment dans les terrasses, les clôtures, les avant-toits et autres structures en bois. À l’intérieur des tunnels, les femelles créent des cellules de couvain individuelles, chacune contenant un œuf et une réserve de pollen et de nectar pour la larve en développement.

Concernant la pollinisation, les abeilles charpentières Xylocopes pollinisent de grosses fleurs, on les voit dans les roses trémières, les althéas, les grosses fleurs des pois de senteur… Les abeilles charpentières sont d’importants pollinisateurs pour de nombreuses plantes, en particulier celles à grandes fleurs ouvertes. Ils sont capables de « pollinisation par le buzz » ou sonication, c’est-à-dire qu’ils font vibrer leurs muscles de vol pour déloger le pollen des fleurs, une technique particulièrement efficace pour certaines cultures comme les tomates et les bleuets. Les bourdons Bombus terrestris (souvent avec une bande jaune sur le thorax et le bout de l’abdomen blanc) sont élevés pour polliniser les cultures de tomates en serre. Ils ont des rendements de pollinisation nettement supérieurs aux méthodes mécaniques de bancs vibrants utilisés pour la pollinisation de tomates en serre auparavant.

Mais contrairement aux abeilles sociales, comme les abeilles mellifères et les bourdons, les abeilles charpentières ont un mode de vie solitaire. Chaque femelle établit et entretient généralement son propre nid. Cependant, il n’est pas rare que plusieurs femelles nichent à proximité, réutilisant et agrandissant parfois les tunnels existants. Les mâles sont souvent territoriaux et peuvent être agressifs lorsqu’ils défendent leur territoire de reproduction, mais ils sont inoffensifs pour les humains car ils n’ont pas de dard. Les femelles ont des dards mais ne sont généralement pas agressives et ne piquent que si elles sont provoquées.

Ces abeilles charpentières, comme tous pollinisateurs, ont un rôle écologique :

Les abeilles charpentières jouent un rôle crucial dans la pollinisation, contribuant à la reproduction de nombreuses plantes et cultures sauvages. Leur capacité à polliniser les rend particulièrement précieuses pour certaines espèces végétales. De plus, elles contribuent au cycle de renouvellement de la matière organique. En creusant dans le bois mort, les abeilles charpentières facilitent le processus de décomposition, contribuant ainsi à la décomposition et au recyclage des matières ligneuses dans les écosystèmes.

Les interactions avec les humains ne se passent pas toujours bien.

Les abeilles charpentières peuvent causer des dommages esthétiques et structurels aux bâtiments et structures en bois. Au fil du temps, leur activité de forage peut affaiblir le bois, surtout si plusieurs générations réutilisent et agrandissent les mêmes sites de nidification. Les mesures préventives comprennent la peinture ou le traitement des surfaces en bois, car les abeilles charpentières préfèrent le bois non traité.

Pour gérer l’activité des abeilles charpentières, il est important de sceller les trous existants et de fournir des sites de nidification alternatifs, tels que des blocs de bois non traités placés à l’écart des structures. Elles occupent sans problème les gros tubes présents dans certains hôtels à insectes. De plus, on peut bien les observer lorsqu’elles sortent la tête, prêtes au décollage.

Il est important de leur réserver un site de nidification. En tant que pollinisateurs, les abeilles charpentières jouent un rôle important dans le maintien de la biodiversité et dans le soutien de la production agricole. Les efforts de conservation devraient se concentrer sur la protection de leurs habitats naturels et sur la réduction de l’utilisation de pesticides susceptibles de nuire aux populations d’abeilles.

Créer des jardins favorables aux pollinisateurs avec une variété de plantes à fleurs peut aider à soutenir les populations d’abeilles charpentières. Fournir du matériel de nidification et éviter l’utilisation de produits chimiques agressifs peut également favoriser leur conservation.

En résumé, les abeilles charpentières sont d’importants pollinisateurs avec des comportements de nidification uniques, qui peuvent parfois les mettre en conflit avec les humains en raison de leurs habitudes de forage du bois. Ces dégâts sont, tout de même, de faible ampleur. Comprendre leur comportement et leur importance écologique peut aider à gérer leurs interactions avec les structures humaines tout en favorisant leur conservation.